Queer as German Folk

Queer as German Folk : l’exposition qui retrace 50 ans de combats LGBT

Le Goethe-Institut de Lyon accueille pour trois mois une exposition sur un demi-siècle de mouvements homosexuels en Allemagne : Queer as German Folk.

Alors qu’on célébrait l’an dernier le cinquantenaire des émeutes de Stonewall, le Goethe-Institut de New York s’associait au Schwules Museum de Berlin pour commémorer cet anniversaire par une exposition, Queer as German Folk, qui retrace l’épopée des combats homosexuels (côté gay surtout, mais aussi lesbien) et trans en Allemagne depuis 1969. Après Washington, Montréal, Toronto, New York, Chicago, San Francisco, Mexico et Guadalajara, l’exposition est visible pour la première fois en France au Goethe-Institut de Lyon, en partenariat avec le festival de cinéma queer Écrans Mixtes et Hétéroclite. À travers des documents d’époque (affiches, flyers, photos…), Queer as German Folk nous plonge dans un demi-siècle d’histoire et nous emmène aussi bien en RFA ou en RDA que dans l’Allemagne réunifiée. C’est en 1969 justement que l’Allemagne de l’Ouest décriminalise l’homosexualité masculine, un an après sa rivale de l’Est et… 178 ans après la France. Il faudra pourtant attendre 1994 (1982 en France) pour que l’âge de la majorité sexuelle devienne le même pour les relations homos et hétéros.

Un film déclencheur
Deux ans après cette décriminalisation historique sort le film Ce n’est pas l’homosexuel qui est pervers mais la société dans laquelle il vit (1971). Son réalisateur, Rosa von Praunheim, reste à ce jour la figure de proue du cinéma queer allemand et on pourra d’ailleurs assister au Goethe-Institut, dans le cadre d’Écrans Mixtes, à la projection de ses deux derniers films, Darkroom et Amitiés masculines (vendredi 6 mars à 19h et 21h), présentés par notre chroniqueur ciné Didier Roth-Bettoni. On peut dire de Ce n’est pas l’homosexuel…, dans lequel von Praunheim fait le procès des aspirations petites-bourgeoises et hétéro-normatives des gays, qu’il a lancé le mouvement LGBT allemand moderne : dans chaque ville ou presque dans laquelle il est projeté se crée un groupe de libération homosexuelle. La première manifestation homosexuelle allemande réunit environ 200 personnes le 29 avril 1972 à Münster. Dans les pays germanophones, la traditionnelle marche annuelle prend le nom de Christopher Street Day (CSD), du nom de la rue de Greenwich Village où se trouve le Stonewall Inn. Le premier CSD a lieu à Berlin en 1979.

Comparatif
Des années 70 jusqu’à la légalisation du mariage pour tous, le 1er octobre 2017 (une date bien tardive, pour un pays généralement considéré comme l’un des plus friendly au monde), Queer as German Folk offre au visiteur français l’occasion d’un comparatif entre les deux pays. Une différence en particulier saute aux yeux : c’est l’absence en France d’un musée LGBT tel que le Schwules Museum, sans lequel une telle exposition n’aurait pas pu voir le jour. Il est vrai que l’institution berlinoise est unique en Europe, mais à Londres, un projet de musée similaire, Queer Britain, est dans les cartons. Pendant ce temps, à Paris, le Collectif Archives LGBTQI se bat toujours avec la mairie pour ouvrir un lieu destiné à recueillir les mémoires des minorités sexuelles et de genre.

Queer as German Folk, jusqu’au 28 août au Goethe-Institut, 18 rue François Dauphin-Lyon 2 / 04 72 77 08 88 www.goethe.de/lyon

Ouverture : jeudi et vendredi de 15h à 18h30.

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