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Écrans Mixtes : dix ans, l’âge de foison

Pour son dixième anniversaire, Écrans Mixtes a vu les choses en grand et propose une programmation foisonnante. Fidèle à son identité d’événement consacré au patrimoine du cinéma LGBT, le festival se penche également sur les questions et les créateurs·rices les plus contemporaines de la culture queer.

écrans mixtes j'embrasse pas_À l’occasion de la rétrospective consacrée à André Téchine, c’est l’un de ses films majeurs, Les Roseaux sauvages, qui fera l’ouverture du festival Écrans Mixtes à l’Institut Lumière, en présence de ses deux acteurs, Gaël Morel et Stéphane Rideau. Vingt-six ans après sa réalisation, ce récit très autobiographique qui voit un jeune homme affronter son désir sur fond de guerre d’Algérie reste toujours aussi lumineux, et l’on n’en finit pas de mesurer son importance dans l’histoire des images LGBT en France : ce moment où un réalisateur reconnu depuis longtemps fait de sa propre homosexualité le cœur d’un de ses films. Après lui, toute une nouvelle génération va s’engouffrer dans la brèche ainsi ouverte. Sept autres films de Téchiné sont également programmés, dont Quand on a 17 ans (2016) qui ne manque pas de faire penser aux Roseaux, mais aussi l’intense J’embrasse pas (1991) et Les Témoins (2007), fresque sur les premières années du sida.

 

Des réalisatrices à l’honneur
Le volet patrimonial d’Écrans Mixtes comprend aussi une rétrospective en quatre films du pionnier du cinéma gay à la française, Philippe Vallois, et un hommage à Barbara Hammer, disparue il y a un an tout juste et qui fut surnommée “la grand-mère du cinéma lesbien” parce qu’elle inventa littéralement, au début des années 1970, la représentation de la sexualité lesbienne filmée d’un point de vue lesbien, et entreprit, de courts métrages expérimentaux en documentaires ultra-personnels, de raconter l’histoire invisibilisée des lesbiennes. D’autres femmes cinéastes seront aussi à l’honneur, comme Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire, qui fait l’objet d’un passionnant documentaire, Be Natural (2018), ou Jacqueline Audry, seule réalisatrice française des années 1930 à 1950, dont on verra le chef-d’œuvre, Olivia (1950), accompagné d’une conférence de sa biographe, Brigitte Rollet. Écrans Mixtes consacre aussi une programmation à Carole Roussopoulos qui accompagna avec sa caméra le mouvement LGBT émergent dans les seventies, avec notamment son documentaire sur le FHAR (1971).

écrans mixtes wildnightswithemily_semilyDes films en lien avec l’époque
Le cinéma d’aujourd’hui et ses thématiques brûlantes (transidentités, migrations, homoparentalité…) aura aussi toute sa place sur les nombreux écrans du festival avec une belle brassée d’inédits. Océan viendra ainsi présenter son formidable documentaire sur son parcours, Océan, tandis que Pierre Trividic et Patrick-Mario Bernard (qui signent le trailer du festival) présenteront leur nouveau film, L’Angle mort, au milieu de leurs précédentes et si audacieuses œuvres. D’autres très beaux films à découvrir se succéderont au fil des jours (Luciernagas, Brooklyn secret, Si c’était de l’amour, Wild Nights With Emily, les docs Fabulous ou All we’ve got), ainsi que des performances, des rencontres, des expos, des courts métrages (dont une carte blanche offerte à la Berlinale), des événements très queers chez Baston, bar qui sert de village au festival et où il se passera sans cesse quelque chose. Bref, c’est une édition riche et variée comme jamais qui s’annonce pour fêter dignement ces dix ans de festival.

Festival Écrans Mixtes, du  4 au 12 mars dans la Métropole lyonnaise. Programme complet sur www.festival-em.org

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