“Lipstick” est dans le Dicogay de novembre

Lesbienne sophistiquée croisée dans The L Word«Lipstick pour les hommes, wohowoho, lipstick pour les femmes».On est toujours surpris par l’actualité de la pensée de Daniel Balavoine. Les lipstick sont ces lesbiennes qui ont l’avantage d’en être (c’est subversif ) tout en correspondant à peu près parfaitement aux fantasmes que s’en font les mâles hétérosexuels. Si les lesbiennes féminines et sophistiquées existent, bien entendu, elles constituent surtout un formidable produit d’appel marketing. Voir pour exemple la série The L World. Alors que son grand frère pédé, Queer as folk, est resté catalogué série communautaire, The L world, grâce à ses Lipsticks, tend à l’universel. Les lesbiennes bien sûr sont tentées par cette fiction pour des raisons identitaires, mais les filles hétéros aussi s’y mettent, trouvant là des modèles d’indépendance et de modernité alors que leurs compagnons frémissent dès que ces jeunes filles, qu’ils pourraient convoiter, s’effleurent un tant soit peu. La lipstick, c’est hyper chic et vachement pratique : une femme libre, qui ne transgresse pas pour autant les représentations courantes de la féminité, une femme émancipée sexuellement mais qui se complaît dans son rôle d’objet de désir. Quand la lesbienne butch(masculine) révèle aux femmes autant qu’aux hommes le caractère socialement construit de la féminité (et par conséquent de la virilité), la lipstick de la télé remet les choses et les genres à leur place. Heureu-sement, dans la vraie vie, le rouge à lèvres est un outil de travestissement, une arme politique. Dont les lipsticks se servent bien souvent pour se déguiser en femmes. Le tout étant de ne pas être victime de son tube.