La sécu, c’était bien

Depuis la rentrée, l’interdiction de fumer dans les lieux publics a occupé tout l’espace de l’actualité politico-sanitaire, reléguant au second plan l’entrée en vigueur de la loi sur les franchises médicales.

Depuis le 3 janvier, la mise en œuvre des franchises médicales génère des frais supplémentaires pour les malades. Concrètement, une part des dépenses de santé n’est plus remboursable, en l’occurrence 50 centimes d’euro par boîte de médicaments et par acte paramédical, 2 euros par transport sanitaire. Le montant total de la franchise ne peut excéder 50 euros par an. Une somme qui éloigne encore un peu les plus fragiles du système de santé. Si les bénéficiaires de la couverture maladie universelle en sont exonérés, ce n’est par exemple pas le cas des personnes qui touchent l’Allocation Adultes Handicapés (630€ par mois). Celles-ci représentent environ un quart des malades accueillis par l’association AIDES. Un collectif contre les franchises médicales a été créé en septembre 2007, réunissant de nombreuses associations de défense des malades, syndicats, partis politiques et autres collectifs. Comme l’explique Anthony Gouas, représentant de AIDES au sein du collectif, s’ils ont été reçus à plusieurs reprises au ministère de la Santé, ils n’ont pas été entendus. Pour justifier cette offensive contre la sécurité sociale, l’argument du trou de la sécurité sociale a d’abord été invoqué, puis celui du financement du plan Alzheimer. Pour Anthony Gouas, «tous les arguments sont bons pour faire passer un démantèlement global du système de solidarité». Car en filigrane, ce sont bien des principes comme celui de la responsabilité des malades qui gagnent du terrain. C’est ce que dénonce Bruno-Pascal Chevalier, un travailleur social atteint du sida depuis une vingtaine d’année, qui a entamé une grève des soins. Il explique au président de la République, dans une lettre datée du 3 janvier, qu’avec la franchise médicale «chacun de nous se sent responsable voire coupable d’être malade, et par cette faute, nous allons devoir payer pour l’accès à ce droit fondamental qu’est celui de la santé».

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