1983 – 2008 : un Nobel mais pas de vaccin

Le prix Nobel de médecine 2008 met fin à une controverse de 25 ans autour de la découverte du virus du sida. Et rappelle que, malgré les progrès de la recherche, le VIH n’a pas rendu les armes. 

En 1983, les professeurs Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi annoncent la découverte de ce qu’ils pensent être le virus du sida et qu’ils nomment LAV (Lymphodemopathy Associated Virus). L’information tombe dans l’indifférence générale. Ils adressent tout de même une souche au chercheur américain Charles Robert Gallo du Maryland, qui étudie les rétrovirus. Celui-ci fait savoir que le virus français n’apporte rien de nouveau. Mais en 1984, il affirme avoir découvert lui-même le virus du sida qu’il nomme HTLV III, et il annonce du même coup la commercialisation prochaine d’un test de dépistage. Indignation du côté français. Une expertise démontre que les deux virus sont bien issus de la même souche et que c’est celle de Montagnier. En 1987 pourtant, un accord «commercial» est signé entre les deux parties sur la base d’une double paternité qui organise le partage des royalties sur les fameux tests de dépistage. Y’a-t-il un ou deux découvreurs ? En 1994 l’Institut National de Santé américain reconnaît publiquement que la découverte est bien française. Mais aucune conclusion n’en est tirée. Le prix Nobel 2008 remis en octobre à Luc Montagnier (76 ans) et Françoise Barré-Sinoussi (61 ans) clôt donc définitivement la controverse et confirme la nécessité de la recherche en matière de VIH.

25 ans de progrès

C’est en 1981 qu’apparaissent les premiers cas de sida, dans la population gay américaine. On ne tarde pas à étiqueter la nouvelle maladie «cancer gay». Mais très vite de nouveaux malades se déclarent chez les hétérosexuels, les toxicomanes, les hémophiles. La contamination par le sang est mise en évidence. En 1984 on découvre le premier médicament capable de bloquer la progression du virus : l’AZT. Mais c’est un produit hautement toxique et le traitement est lourdement handicapant. La France le préconise à partir de 1987. C’est aussi l’année de la première campagne pour les préservatifs. On a compris que la prévention reste la meilleure arme. Jusqu’à la fin des années 90, ce sont les années noires. Les décès se multiplient, déjà 6 millions de morts dans le monde en 1997. Les antiprotéases vont tout changer. On les connaît depuis 1995. Ces antirétroviraux, beaucoup mieux tolérés vont permettre petit à petit de stabiliser la progression de la pandémie. Mais toujours pas de vaccin à l’horizon, ni de traitement curatif. De réelles avancées pourraient bien voir le jour dans les années qui viennent. Un vaccin préventif sera mis à l’essai courant 2009. Il s’agit d’intégrer quelques gènes du virus VIH dans un vaccin anti-rougeole, parce que c’est celui qui offre la protection la plus durable. On espère ainsi déclencher une réponse immunitaire qui protège de la contamination. L’autre piste vise un vaccin thérapeutique, qui devrait restaurer les défenses immunitaires chez les personnes séropositives. Il a été testé sur des souris en 2007 avec de bons résultats. Les études préliminaires sur le macaque sont encourageantes. La prochaine étape devrait concerner des patients séropositifs. Les recherches actuelles portent sur les contrôleurs VIH, c’est à dire les personnes qui vivent avec le virus depuis plus de dix ans sans développer de maladie alors qu’ils ne prennent aucun traitement. Il s’agit de comprendre comment leur organisme lutte «naturellement» contre le VIH.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.