“Comme crâne, comme culte” de Christian Rizzo

Dans Comme crâne, comme culte, la dernière chorégraphie de Christian Rizzo, l’homme n’est plus : ne restent que le désir et le manque.

christian rizzo comme crâne, comme culteDeux solos magnifiques et inquiétants sont présentés à la Maison de la Danse du 26 au 28 mars. Le premier, Comme crâne, comme culte, est l’œuvre de Christian Rizzo, dont la passion pour les costumes (il fut styliste) est ici plus que jamais manifeste. Que se passe-t-il quand il ne reste, justement, plus que le costume ?

Dans Comme crâne, comme culte, Jean-Baptiste André porte une combinaison et un casque de motard ; il a manifestement perdu sa moto. L’habit a dévoré le moine ; l’homme n’est plus, ne restent que le désir et le manque. Tantôt il emprunte le pas viril d’un type en cuir, tantôt il rampe et cherche de nouveaux appuis. Sans son engin à enfourcher, il ne se tient plus vraiment droit, il se transforme en reptile puis en araignée. On ne peut s’empêcher de penser à un Spiderman torturé.

L’ensemble est très lent, très minutieux ; parfois jaillissent comme des bris de verre des séquences plus rapides, plus signifiantes, comme celle où les roulades latérales du danseur évoquent un accident ou bien celle où il apparaît dévertébré, ondulant comme une algue. Aucune bande-son jusqu’à la fin qui donne le ton, a posteriori, de ce qui vient de se dérouler sous nos yeux, sur le magnifique Hope there’s someone de Antony and the Johnsons. Une forme qui n’est pas sans rappeler le sublime solo qu’a conçu Rizzo pour la danseuse Julie Guibert, BC janvier 1545 Fontainebleau.

Sculpter l’espace

C’est justement elle que l’on retrouve dans la seconde proposition, Devant l’arrière-pays, chorégraphiée avec Stijn Celis. Elle y foule la scène blanche immaculée en bête farouche et en furie. Dans tous les cas, sa prestation est magique de sensualité et de justesse. Chacune de ses cambrures, chacun de discrets gestes de la main sculpte l’espace avec une précision aussi glaçante que gracieuse. Elle se livre à plusieurs reprises à des grimaces terrifiantes, à des convulsions ralenties, prenant des airs d’héroïnes de films expressionnistes allemands. Un motard sans moto puis une sorte de Victoire de l’Aveyron ; deux figures d’êtres seuls, sensibles et sauvages qui déploient des imaginaires inédits.

Comme crâne, comme culte et Devant l’arrière-pays, du 26 au 28 mars à la Maison de la Danse, 8 avenue Jean Mermoz-Lyon 8 / 04.72.78.18.00 / www.maisondeladanse.com

Photos © Marc Domage

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