Édito de juin

«Subventionner leur association de pitoyable carnaval exhibitionniste, c’est d’abord une injure à toutes les religieuses. […] Mais cela constitue évidemment un cynique et intolérable détournement de fonds publics».
Bernard Anthony, à propos des subventions accordées aux Sœurs de la perpétuelle indulgence.

Bernard Anthony est président de l’AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne). Manifestement, Bernard Anthony s’ennuie. Alors Bernard Anthony dépose des plaintes contre la Mairie de Paris et le conseil régional d’Île-de-France pour détournement de fonds publics au profit des Sœurs. Contrairement à ce qu’il déclare, la lutte contre le sida ne passe pas que par la recherche, mais aussi par le dialogue, par un travail de fond sur l’estime de soi et par l’accompagnement des personnes atteintes. Autant de missions que remplissent avec ferveur et abnégation les Sœurs de la perpétuelle indulgence. Deux valeurs pour le moins chrétiennes. Le kitsch et la dérision constituent une méthode, un langage pour parler d’amour et de mort de façon décomplexée, légère et efficace. Exactement tout ce qui manque à de nombreux discours pontificaux. Alors, plutôt que de se jeter des cailloux, peut-être pourrait-on respecter le travail de chacun, même si l’on n’est pas d’accord sur les modalités employées. Quiconque s’est retrouvé en compagnie des Sœurs de la perpétuelle indulgence, mystique ou non, n’a pu être qu’envahi d’un sentiment de sérénité, de joie, de fraternité. Si elles portent (et magnifient) l’habit des religieuses, c’est sans doute parce qu’on ne les méprise pas et peut-être aussi car l’Église n’a toujours été présente que de manière compassionnelle aux côtés des malades du sida. Et la compassion, face à un tel fléau, c’est bien, mais ça ne suffit pas.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.