NUITS de fourvière 2009 antony and the johnsons the crying light

Des Nuits de Fourvière 2009 extraordinairement plurielles

Petit tour d’horizon des Nuits de Fourvière 2009 qui proposent un programme à la fois éclectique et exigeant.

Théâtre

Pas de création maison aux Nuits de Fourvière 2009 mais une invitation remarquable faite au Berliner Ensemble. Il s’agit ni plus ni moins que du théâtre fondé par Brecht en 1949. La compagnie permanente de cette maison historique jouera les 26 et 27 juin Mère Courage et ses enfants, de Brecht justement, mis en scène par Claus Peymann.

Les organisateurs des Nuits de Fourvière 2009 maîtrisent l’art de la transition puisqu’ils invitent Carmen-Maja Antoni et Manfred Karge, qui ont tous les deux joué dans Mère Courage au Berliner, à présenter les trente-six numéros de leur Cabaret Brecht les 28 et 29 juin. Nous aurons donc le plaisir d’entendre les célèbres airs d’opérette du dramaturge, composés par Kurt Weil, Hans Eisler et bien d’autres. À ne pas rater au théâtre du Point du Jour.

La boucle sera bouclée avec le directeur de ce lieu, qui reprend son premier spectacle, Max Gericke ou Pareille au même. C’est Manfred Karge, évoqué plus haut, qui en est l’auteur. Il imagine l’histoire d’une jeune Allemande qui décide d’usurper l’identité de son mari qui vient de mourir afin de pouvoir nourrir sa famille. Ambiguïté psychologique et réflexion sociale sont deux des points d’affinité entre Michel Raskine et le théâtre contemporain allemand ; la pièce sera reprise du 23 au 25 juin avec la comédienne qui fit son succès à la création : Marief Guittier.

Danse

Sylvie Guillem est une habituée des Nuits de Fourvière : outre son talent de technicienne remarquable, le moins que l’on puisse dire est qu’elle sait s’entourer puisqu’elle s’est déjà produite à Fourvière avec Akram Kahn et Russel Maliphant. Elle revient avec ce dernier, issu du DV8 Physical Theatre et auteur de chorégraphies d’une énergie et d’une précision rare. Ils s’entourent cette fois du metteur en scène québécois Robert Lepage.

Aucun des trois n’étant connu pour son manque d’ambition (osons même dire qu’ils frisent joyeusement la mégalomanie), c’est une grande forme des plus spectaculaires qu’ils présenteront à partir du 9 juillet. Prétexte de ce spectacle intitulé Eonnagata, l’histoire du Chevalier Éon (espion de Louis XV travesti en femme, dont aucun de ses contemporains ne put avec certitude connaître son véritable sexe) et le mot onnagata, qui désigne la qualité de l’acteur jouant des rôles de femmes dans le théâtre japonais kabuki. Nous reviendrons sur cette pièce dans le prochain numéro d’Hétéroclite.

Autre grand spectacle attendu : Didon et Énée, de Purcell, mis en scène et chorégraphié par Sasha Waltz. Depuis qu’elle a quitté la Schaubühne de Berlin qu’elle dirigeait avec Thomas Ostermeier, l’enfant chérie de la danse allemande a renoué avec l’audace de ses débuts. Saura-t-elle en faire preuve dans le cadre d’une production aussi ambitieuse ? Les images que nous avons vues des danseurs évoluant dans des aquariums géants le laissent imaginer. À vérifier du 2 au 4 juillet.

Musique

C’est incontestablement au chapitre musical que les Nuits de Fourvière font référence, en faisant preuve d’une exigence égale en matière de musique classique, contemporaine, pop ou musique du monde.

L’un des événements qui retient le plus notre attention est malheureusement complet mais cela vaut sans doute la peine de faire des pieds et des mains pour trouver des places : il s’agit de concert d’Antony and The Johnsons accompagné par l’orchestre de l’Opéra de Lyon. Aucun doute qu’il saura mettre Fourvière en émoi, le 21 juillet, avec les titres de son magnifique dernier album The Crying Light.

New York sera aussi représenté par Philip Glass, habitué du festival, qui partagera la scène avec Patti Smith dans un spectacle hommage au grand poète de la Beat Generation Allen Ginsberg. Deux monstres de la musique américaine pour honorer un des auteurs les plus importants du 20ème siècle : un beau moment en perspective le 30 juin.

Ils ont interprété avec succès des titres de Philip Glas et viennent cette fois avec un programme inédit de compositions de Steve Reich, de Clint Mansell (BO du film Requiem for a dream), de Sigur Ros et de musiques traditionnelles ; le quatuor à cordes Kronos Quartet est un bel exemple de virtuosité mise au service de la musique sous toutes ses coutures. Un spectacle créé à l’occasion des Nuits le 7 juillet.

 

Nuits de Fourvière 2009, du 5 juin au 1er août / www.nuitsdefourviere.fr

Didon et Énée de Henry Purcell, chorégraphié par Sasha Waltz, est disponible sur Arte Concert jusqu’au 6 juin 2020.

Photo : Antony and The Johnsons

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