«Il ne faut pas tout mélanger»

Au plus fort de la polémique sur la chanson «Sale Pute» d’Orelsan, le Collectif contre l’homophobie et pour l’égalité des droits de Montpellier a publié un communiqué dans lequel il considère cette chanson «comme une apologie sordide de la brutalité et de la barbarie envers les femmes». L’association s’était déjà mobilisée à l’occasion des tournées de Krys et Cappleton, chanteurs de dancehall ouvertement homophobes. Rencontre avec Hussein Bourgi, président du CCH. 

C’est à propos d’une chanson sexiste qu’Orelsan est mis en cause ; pourquoi le Collectif contre l’homophobie s’est-il exprimé ?
La décision a été simple à prendre, les liens ont toujours été très étroits entre la lutte contre l’homophobie et la lutte contre le sexisme. Le machisme fait le terreau de ces deux fléaux. Par ailleurs, nous avions mené une campagne similaire contre les chanteurs de dancehall comme Capleton. Nous n’avons pas voulu laisser les féministes seules dans cette affaire. Nous nous étions aussi exprimés sur la venue de Dieudonné à Montpellier ; les associations de lutte contre l’homophobie affirment refuser la hiérarchisation des discriminations. Il faut donc être cohérent et se solidariser des causes qui nous paraissent justes.

L’annulation du concert d’Orelsan à la Rochelle a provoqué de nombreuses réactions dénonçant une atteinte à la liberté de création ; Qu’en pensez-vous ?
Bien entendu je comprends que l’on soit attaché aux libertés d’expression et de création mais il ne faut pas tout mélanger. On nous avait opposé les mêmes arguments quand nous réclamions l’interdiction de concert de Capleton qui en appelait au meurtre des gays. Ma position est claire : je fais le lien entre les discours incitant à la violence et les actes de violence, qui font partie d’un même système. Il est de la responsabilité des programmateurs d’être vigilants quant aux messages véhiculés par les artistes qu’ils invitent. Une loi existe pour condamner les propos homophobes, il est inéluctable d’en passer par la justice dans les cas où de tels propos seraient tenus devant un public.

Ne craignez-vous pas qu’en partant de ce principe, on soit obligé de condamner un chanteur sur deux ?
Je fais confiance aux magistrats pour distinguer les plaintes farfelues de celles portées par des associations sérieuses. Lorsque la loi sur la pénalisation de l’homophobie a été votée, les opposants craignaient que les tribunaux soient engorgés par des affaires liées à des insultes ; en réalité, on se rend bien compte aujourd’hui que personne ne porte plaine parce qu’on l’a traité de «pédé» au volant. De la même façon, la commission consultative des droits de l’homme avait donné un avis négatif sur cette loi, dans lequel elle craignait que les journalistes ne puissent plus exercer librement leur métier. Et bien cette peur n’était pas justifiée ; les tribunaux font la différence entre une opinion et une marque d’homophobie ou une incitation à la haine.

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