Ambassadrice du bonheur

Ce mois-ci, Maryline a rencontré Solange, lyonnaise entreprenante qui se lance dans l’organisation de réunions sex-toys à domicile. Une de ses cibles : les lesbiennes

«Je ne suis pas sûre d’être bien placée pour te répondre. Je ne fréquente pas vraiment le milieu». C’est ainsi que celle, que l’on me présentait comme “la grande Soso”, en référence à une allure plutôt plus élancée que la moyenne, a commencé notre discussion. Solange fait en effet partie de cette frange de la population lesbienne qui ne fréquente que très occasionnellement les lieux de rencontre pour filles. Quelques contacts avec l’APGL et ARIS, quelques soirées, courtes, à la terrasse d’un bar, et c’est bien tout. Pourtant, Solange assume pleinement sa préférence, tellement que cette commerciale lyonnaise, 20 ans d’expérience et en période de bilan de mi-carrière, est devenue il y a quelques semaines une “ambassadrice du bonheur”. Elle anime des soirées de vente à domicile de sextoys, produits chics et tenues sexys pour jeux amoureux, avec l’ambition de se constituer un fidèle réseau lesbien. Fille unique d’une famille de fonctionnaires, au sourire généreux, humour et franc parler sans complexe, lesbienne “depuis l’âge de 2 mois et demi au plus tard”, déteste l’ennui, aime ce qui bouge, le contact direct, ce qu’elle a trouvé un temps dans la pub avant de tomber sur une annonce d’emploi pour rentrer chez Soft Paris, l’entreprise de vente de toys. Le principe, on le connaît tous depuis les Tupperware de maman : une maison accueillante, des amies qui se réunissent autour d’une tasse de thé… et des huiles de massage, lingeries, toys et autres objets de plaisir.

Prosélytisme ?

Pour l’instant, son activité est marginale mais «le sexe, ça marche toujours. Ces dernières années, les sex shops sont moins vicelards, avec l’image du gros dégueulasse qui rode. Des supermarchés du sexe super bien se sont ouverts. Tu te croirais chez Hachette ! J’adore sincèrement… Souvent tu pourrais imaginer les vendeuses avec leurs enfants à côté ! Et puis il y a eu quelques films lesbiens qui ont aidé aussi à ce que l’on parle avec moins de retenue des toys». Solange avoue en avoir quatre ou cinq chez elle, pas plus. Cela va certainement pincer quelques unes d’entre vous, lectrices, car «la réaction de base des lesbiennes qui n’en utilisent pas» a remarqué Solange parmi ses amies, «c’est “autant prendre un mec, c’est quoi ce délire ! Pourquoi simuler l’acte hétéro, le pénis ? Alors que pas du tout ! Sonia Rykiel a fait un sex toy qui ne ressemble en rien à un pénis. Tu peux ranger tes bracelets autour si tu veux», dit-elle dans un élan de pédagogie. «Beaucoup de mes amis gays, très ouverts pourtant, ne comprennent pas que les lesbiennes puissent être intéressées par le sex toy. Je suis bien embêtée pour leur expliquer que lesbiennes et hétéro ont toutes des zones érogènes et que c’est tout ce qu’il y a à comprendre. La lesbienne a intégré le fait de vivre le plus largement possible sa sexualité, et pas se limiter à «je te mets un doigts, je te fais un bisou et basta». Sur son catalogue sobre et chic, Solange n’a pas vraiment ciblé encore les toys qui vont faire fureur chez les lesbiennes. Quoi que les oeufs vibrants… En revanche, elle est persuadée d’une chose, et c’est ainsi que nous terminerons notre entretien, «dès que ça ne baise plus, (et ça ne baise plus rapidement, les lesbiennes sont championnes pour ça) le couple ne tient plus». Voilà qui devrait nous donner de la motivation pour la prochaine escapade douce et heureuse. Hein chérie !

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