Mitterrand, et maintenant ?

Il y a deux semaines, la classe politique, les médias et l’opinion publique toute entière s’enflammaient pour les écrits (parus en 2005) du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, accusé de faire l’apologie du tourisme sexuel, voire de la pédophilie. Et puis le soufflé est retombé aussi vite qu’il avait gonflé, une polémique a chassé l’autre et Jean Sarkozy a offert à son corps défendant un répit, peut-être provisoire mais en tout cas inespéré, au neveu de l’ancien président de la République. Quel bilan tirer de toute cette agitation ? Si on ne peut pas dire que le débat dans cette affaire ait volé très haut, il faut au moins lui reconnaître le mérite d’avoir soulevé (malheureusement sans y répondre) un certain nombre de problématiques passionnantes qui auraient mérité une réflexion approfondie. Parmi elles, il y a la question de la prostitution et du tourisme sexuel, qui furent amplement débattues mais auxquelles aucun véritable élément de réponse n’a encore été apporté. De l’avis général, et de l’aveu même de l’accusé dans cette affaire, la prostitution et le tourisme sexuel sont « une honte », le socialiste Guillaume Bachelay affirmant même que « quand on est de gauche, on ne peut que combattre le commerce tarifé des corps ». Un avis parfaitement compréhensible qui peut convoquer pour sa défense de solides arguments. Reste qu’à l’heure actuelle, le recours aux services tarifés d’un(e) prostitué(e), que ce soit en France ou à l’étranger, est parfaitement légal, à condition bien sûr que le ou la prostitué(e) soit majeur(e), et que par conséquent la « lutte contre le tourisme sexuel » dont se targuent les autorités publiques vise essentiellement à prévenir l’exploitation sexuelle des enfants, non des adultes. La simple logique voudrait donc que les responsables politiques qui jugent la prostitution si scandaleuse ne s’attaquent pas uniquement à un seul individu, mais à la racine même du problème, par exemple en déposant une proposition de loi visant à criminaliser les clients.

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