Novembre 2009

Chelsey Breeze

«Pourquoi il n’y a que les hétéros à pouvoir se bisouter en public sans gêner personne ? Pour ceux et celles qui pensent que ce n’est pas normal, rendez-vous pour un attentat aux bisous kamikazes !»
Appel au Kiss-in gay sur Facebook

De nombreux gays et de nombreuses lesbiennes sur la toile se félicitent du succès de kiss-in gays organisés récemment dans plusieurs villes. Le principe : des couples homos se réunissent et s’embrassent en plein coeur de l’espace public. L’enthousiasme général face à cette action prend un sens particulier vingt ans après la naissance d’Act Up, quarante ans après les premières gay pride ; les formes de l’action collective ont changé. Derrière l’engouement légitime que provoquent ces kiss-in, on ne peut s’empêcher d’interroger les fondements politiques de telles opérations. Qui sont les organisateurs ? Qui s’exprime ? Pour dire quoi ? Autant de questions sans réponse pour les passants médusés ou amusés devant le spectacle. Une hypothèse : cette manifestation fait avant tout du bien à ceux qui y participent. Rien de choquant là-dedans, il est bien normal d’éprouver du plaisir au rassemblement et à la fronde ; en revanche, on ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la réception d’une action. Les initiatives nées de mouvements spontanés sur Facebook peuvent laisser perplexe : si un flash mob ou une action de communication peuvent se passer de banderoles, est-ce le cas d’actions politiques dans lesquelles sont mises en jeu des notions d’identité, de communauté, de mise à l’écart ? Possible que tout cela ne soit qu’affaire de génération ; l’auteur de ces lignes, sans être réactionnaire, est nourri à l’histoire des luttes homosexuelles des années 70 et 80, nostalgique des formes de militantisme qui prévalaient alors. Pour contrecarrer cette tendance au “c’était bien avant”, l’équipe d’Hétéroclite s’est enrichie de nouveaux rédacteurs investis et curieux, qui pourront observer avec une bienveillance critique les nouveaux combats LGBT.