L’heure du Bergé

Le 27 octobre, le président de Sidaction Pierre Bergé a annoncé son intention de créer prochainement un fonds qui porterait son nom et qui serait dédié à la lutte contre le sida. L’homme d’affaires et mécène, connu notamment pour avoir financé des magazines mais aussi l’association de Ségolène Royal «Désirs d’Avenir», a ainsi promis de consacrer durant cinq ans deux millions d’euros par an à ce fonds afin d’«inscrire la lutte contre le sida dans la durée» (Têtu, 27 octobre). Les 8, 9 millions d’euros récoltés lors d’une vente aux enchères organisée chez Christie’s du 17 au 20 novembre derniers lui seront également intégralement reversés. Enfin, l’argent pourrait également provenir en partie de la vente aux enchères, qualifiée de «vente du siècle» par les journalistes, des objets de la collection d’oeuvres d’art qu’il avait bâtie au fil des années avec son compagnon Yves Saint-Laurent (décédé le 1er juin dernier à 72 ans). Pierre Bergé a indiqué qu’il n’avait pas encore décidé de l’usage qu’il ferait des 342, 5 millions ainsi récoltés. L’utilisation des sommes versées devrait être supervisée par un comité présidé par Bertrand Audoin (directeur général de Sidaction) et dans lequel siégerait au moins deux chercheurs : Yves Lévy (président du comité scientifique et médical de Sidaction) et Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine 2008 et membre en 1983 de l’équipe du professeur Luc Montagnier qui avait découvert le VIH. Le champ d’application de ce fonds s’annonce d’ores et déjà très vaste, à l’image des besoins immenses et très variés réclamés aujourd’hui par la lutte contre le sida : recherche d’un vaccin, accès aux traitements des pays les plus pauvres, prévention, sensibilisation aux risques, recherche pluridisciplinaire, équipement et salaires des chercheurs… Les dons du milliardaire, les plus importants jamais reçus par Sidaction, ne seront donc pas de trop. Pourtant, selon Pierre Bergé, «80% des financements iront à la lutte contre le sida, mais le fonds soutiendra des projets contre d’autres maladies» (Le Monde, 29 octobre). Une précision qui sera peut-être de nature à calmer la polémique née quelques semaines après les propos qu’il avait tenus au micro de France Info ; le 21 novembre, le propriétaire du mensuel gay Têtu avait ainsi accusé le Téléthon de «parasiter la générosité des Français d’une manière populiste», déclenchant aussitôt un tollé.

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