Festival “Les Femmes S’en Mêlent”: Girl Power

BillyUndHells (Jessie Evans)

BillyUndHells (Jessie Evans)

Le festival «Les Femmes S’en Mêlent», par sa programmation exigeante et excentrique, nous prouve une fois de plus que la scène musicale dite féminine n’est pas constituée que de gentilles filles à frange.

Lors de sa création en 1997, l’événement “Les Femmes S’en Mêlent“ se déroulait à Paris le temps d’une soirée. Par la suite, la manifestation s’est développée en province (Bordeaux, Marseille, Lyon ou Ajaccio) et même en Europe avec des live en Angleterre, en Belgique et en Espagne. Le titre du festival en annonce le programme : si cela n’a pas toujours été une évidence, les femmes prennent aujourd’hui les scènes d’assaut. Beaucoup d’artistes féminines, auteurs compositrices interprètes, se sont engouffrées dans le créneau “scène féminine“, où l’on retrouve pêle-mêle toute la nouvelle scène française “archi-girly“ mais aussi Peaches, Brisa Roché, Laetitia Sheriff… Plus qu’un lieu de visibilité dont les femmes n’ont plus véritablement besoin, le festival s’est mué en revue grâce à laquelle on peut y voir un plus clair dans cette scène foisonnante. Sa programmation alterne groupes branchés, underground, formations émergentes et confirmées. En douze éditions, le festival a ainsi convoqué sur scène Émilie Simon, Queen Adreena, Cobra Killer, M.I.A, Shannon Wright, Cat Power et beaucoup d’autres.

Épicerie punkette

Contrairement à beaucoup d’autres événements itinérants, “Les Femmes S’en Mêlent“ ne réserve pas le meilleur de sa programmation à la capitale et la province n’est pas laissée pour compte. À Lyon, cette année, c’est la Plateforme et l’Épicerie Moderne qui accueillent le festival. Le 31 mars, la salle de Feyzin propose un plateau réunissant Chicks on Speed et Jessie Evans. Punkettes assumées pour les premières, repentie pour Jessie Evans, ex-chanteuse du groupe de synthé-punk The Vanishing. Son nouveau projet, fondé avec Toby Dammit, batteur d’Iggy Pop, abandonne le no future au profit du glamour, des rythmes latinos, du saxo, de l’afrobeat et de la no-wave. Mélange de chaud-froid, d’influences et de collaborateurs. Jessie Evans s’est entourée de Martin Wenk (Calexico) et de Budgie (Siouxsie and the Banshees) pour l’album Is it fire ? . Sur scène, l’artiste vise la performance dans un show cabaret chaotique. La formation Chicks on Speed, quant à elle, relève plus du collectif d’artistes inspirées que d’un simple groupe de punks illuminées. Formé à l’Académie des Beaux-arts de Munich, le groupe doit sa renommée à sa reprise du tube new-wave Kaltes Klares Wasser, en 2000. Depuis, le quintet expérimente, compose et traficote tous domaines confondus et propose de véritables performances visuelles et sonores, alliant l’avant-garde (souvent hermétique) à la culture pop. Tout est fait maison. Les costumes, les décors et même leurs instruments sont de confection artisanale. Leur imagination est sans limites et leur provocation sans frein : du punk sans guitare et en costumes fluo.

Retour au calme

Le 1er avril, la Plateforme se fera plus intimiste avec Mansfield Tya. Le duo nantais présentera Seules au bout de 23 secondes, sa dernière production sortie en 2009. Un album plus touffu que le précédent mais qui conserve cette curiosité minimaliste (sa marque de fabrique) et ce sombre mélange de ballades folk et de post-rock torturé souligné par le violon. Mansfield Tya montre un visage moins brut et plus fragile de la scène féminine. Car le festival ne donne pas que dans l’hystérie et les hurluberlues. Punk ou non, avec ou sans frange et même avec quelques garçons, “Les Femmes S’en Mêlent“ souhaite célébrer avant tout le songwritting au féminin, sans préjugés et avec un regard neuf.

 

Entretien avec Sophie Broyer, directrice de l’Épicerie Moderne

L’Épicerie Moderne accueillera une des deux soirées lyonnaises du Festival “Les Femmes S’en Mêlent“. Vous y teniez particulièrement ?
Nous sommes assez attachés à ce festival effectivement. Le principe du festival n’est pas de défendre la scène féminine mais de lui donner un coup de projecteur car il est vrai que les femmes sont encore en minorité sur les scènes aujourd’hui.

Quel regard portez-vous sur la programmation de la treizième édition du festival ?
Un regard bienveillant. Il y a dans cette programmation une recherche artistique qui fait plaisir à voir et à entendre. Des petites formes, des artistes inconnues ou d’autres déjà bien installées… Il y a réellement le choix car les artistes sont assez différentes. Du coup, on s’y retrouve assez bien et la participation au festival se fait assez naturellement.

Comment appréhendez-vous la venue des Chicks on Speed à l’épicerie ?
Elles ont une sacrée réputation effectivement ! Mais souvent les bruits de couloirs sont un peu trop déformés et amplifiés, donc on verra bien si elles sont aussi exigeantes et difficiles que ça… On a surtout hâte de les voir sur la scène, qu’elles nous présentent toute la folie, la légèreté et la fraîcheur de leur musique !

Chicks on Speed et Jessie Evans, mercredi 31 mars à 20h30 à l’Épicerie Moderne, place René Lescot-Feyzin / 04.72.89.98.70
Mansfield Tya, jeudi 1er avril à 20h30 à la Plateforme, 4 quai Victor Augagneur-Lyon 1 / 04.37.40.13.93

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