Hôtel Woodstock

De Ang Lee (Universal)

C’est l’histoire d’une émancipation à contretemps. Alors qu’en 1969, le mouvement hippie atteint son point culminant, Elliot Tiber reste coincé avec ses parents, à assurer la maintenance d’un motel miteux au bord de la faillite. Et voilà que par un heureux concours de circonstances, les organisateurs du futur festival de Woodstock choisissent de s’installer sur le terrain voisin du motel des Tiber. La déferlante Woodstock (450 000 spectateurs, trois jours de concerts, trente-deux groupes présents) vient cueillir le grand dadais chevelu, et lui permettre un affranchissement jusque-là sans cesse repoussé. La bonne idée d’Hôtel Woodstock réside dans le choix d’aborder le festival mythique à travers le prisme de ce personnage un peu en marge. Le scénario du film est écrit d’après l’histoire vraie d’Elliot Tiber, architecte d’intérieur homo, qu’Ang Lee a rencontré sur un plateau de télé, alors que Tiber faisait la promo de ses mémoires. L’homosexualité de son personnage est suggérée de façon discrète ; Hôtel Woodstock n’est donc pas explicitement un “film gay“ comme pouvaient l’être certaines productions précédentes d’Ang Lee (Garçon d’honneur et Le Secret de Brokeback Mountain). Le film donne lieu à de plaisantes descriptions des mœurs hippies, parfois grotesques, comme quand une troupe de théâtre anarchiste se produit à poil en traitant leurs spectateurs médusés de «pornographes fascistes». On pense parfois aux tableaux hilarants du mouvement hippie dépeint par Houellebecq dans Les Particules élémentaires, le mordant en moins. Le réalisateur taïwanais se montre en effet un peu trop sage, et sa photographie léchée contribue à une ambiance dont on peut regretter le caractère aseptisé. La fraîcheur des personnages et la légèreté du ton font d’Hôtel Woodstock un film sympathique néanmoins.

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