Les associations réagissent

Jean-Michel Biondi, président du Forum Gai et Lesbien
Comment interprétez-vous l’absence d’un représentant de la liste UMP lors de la réunion du 23 février ?
C’est évidemment décevant, surtout de la part d’un parti qui ambitionne de remporter les élections, car on aurait aimé leur poser des questions sur les thématiques LGBT, comment ils comptent lutter contre les discriminations, contre le sida… Ce sont des questions majeures auxquelles la Région peut proposer des réponses. D’un autre côté, on savait déjà que la ligne politique de l’UMP au niveau national n’était pas très favorable aux personnes LGBT : ce parti s’oppose au droit au mariage, à l’adoption… Cette absence s’inscrit donc dans la logique de leur politique nationale, et on ne peut que regretter que les responsables régionaux de l’UMP ne se soient pas démarqués de ces positions en venant au moins à notre rencontre pour écouter nos revendications et mieux nous connaître. Si demain, ce parti remporte les élections, quelles seront ses relations avec le milieu associatif ? Quel écho donneront-ils à nos revendications ? On peut être inquiet…

Comment analysez-vous les positions exprimées par les candidats ?
Les positions des quatre partis de gauche représentés (NPA, PS, Europe Écologie et Front de Gauche) sont assez proches et vont dans le sens de nos revendications. Concernant le Modem, il s’agit d’un parti jeune, ce qui peut expliquer une absence de réflexion en profondeur sur ces questions. Leurs propositions sont souvent restées encore un peu trop floues. Sur le mariage homosexuel, par exemple, on ne connaît toujours pas la position du Modem.

Denis Horvath, président d’ARIS (Accueil Rencontres informations et Services)
Qu’avez-vous pensé de la réponse de Françoise Grossetête aux associations qui déploraient son absence ?
Plus encore que l’absence de l’UMP, on regrette surtout le communiqué de Françoise Grossetête, publié le soir même du débat et dans lequel elle assume son absence et la justifie en affirmant que nos revendications ne peuvent être portées qu’au niveau national, et non pas local. Cela signifie qu’elle ne comprend pas que la lutte contre les discriminations peut aussi être menée localement, et c’est terriblement gênant pour un responsable politique qui postule à de telles fonctions. On ne peut donc que déplorer que l’UMP ne se positionne pas, au sein de son programme, dans la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Qu’avez-vous retenu de cette confrontation ?
La proposition la plus forte est celle de la création d’une vice-présidence dédiée à la lutte contre les discriminations, sous la responsabilité directe du directeur général des services, afin que celle-ci ne soit pas noyée dans la masse administrative. Autre piste intéressante à explorer évoquée par les partis : le Conseil régional est représenté au conseil d’administration de nombreux hôpitaux qui tolèrent encore des discriminations dans l’accueil des patients transsexuels ; il a donc la possibilité de faire entendre sa voix auprès d’eux pour faire cesser cette transphobie.

David Souvestre, président de la Lesbian & Gay Pride de Lyon
Quel regard portez-vous sur l’action du conseil régional au cours de ces six dernières années en matière de droits LGBT ?
Les associations ont tiré un bilan positif du mandat de Jean-Jack Queyranne et plus particulièrement de l’action menée par Katia Philippe, déléguée en charge des discriminations. Il faut dire qu’on est partis de très loin : la précédente mandature de Millon et Comparini n’avait quasiment rien fait vis-à-vis des associations LGBT. On ne peut que saluer la formation des agents aux questions de diversité, et notamment à celles portant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Régulièrement, des élus du Conseil régional se sont fait le relais de nos mécontentements et de nos revendications au niveau national sur des sujets comme le mariage ou la stérilisation forcée des trans, et ont interpellé la préfecture à propos des couples pacsés binationaux qui risquent d’être expulsés ou le Parquet de Lyon suite à son refus de reconnaître la circonstance aggravante d’homophobie dans certaines agressions. La rédaction de la Charte de lutte contre les discriminations, à laquelle nos associations ont participé, nous paraît également une avancée importante. Des actions innovantes et originales ont été menées, mais il reste encore des choses à faire, et nous espérons que la prochaine mandature ne reviendra pas sur ces progrès, mais au contraire amplifiera les efforts accomplis.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.