PrEP’arez-vous

18_PreparezVous_novembre2008Pour enrayer la propagation du VIH chez les homosexuels, un nouveau dispositif de prévention est actuellement à l’étude et pourrait être testé à partir de l’année prochaine. Son nom : la «prophylaxie pré-exposition»…

Les chiffres sont là, têtus et surtout alarmants : alors que le nombre de nouvelles contaminations par le VIH a globalement diminué entre 2003 et 2008, il est resté stable, voire en augmentation, dans la population homosexuelle masculine. Celle-ci représentait même en 2008 près de la moitié (48%) des nouvelles contaminations. Depuis des mois, les autorités sanitaires et les associations de lutte contre le sida cherchent donc une parade à cette recrudescence dramatique. Une nouvelle voie est actuellement en cours d’exploration : la PrEP, acronyme de l’anglais Pre-Exposure Prophylaxis (prophylaxie pré-exposition). L’idée est simple : il s’agirait d’administrer aux populations les plus exposées au VIH (essentiellement les HSH, c’est-à-dire les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, ayant occasionnellement ou systématiquement des rapports sexuels non protégés) des antirétroviraux préventifs, c’est-à-dire avant une prise de risque (et non après, comme cela se fait déjà actuellement par le biais du Traitement Post-Exposition – TPE) pour réduire le risque de contracter le VIH. Un séminaire qui s’est tenu à Paris le 13 février dernier à l’initiative d’un groupement interassociatif a réuni des représentants d’associations, d’entreprises et de media LGBT pour envisager un test sur environ 2000 volontaires. Derrière l’enthousiasme initial que suscite logiquement l’ouverture d’une nouvelle voie dans les politiques de prévention, des questionnements aux enjeux complexes se profilent. Nombre de responsables associatifs craignent en effet que la PrEP, si elle devait se généraliser aux gays ayant des pratiques sexuelles à risques, ne pousse ceux-ci à délaisser encore davantage le préservatif (pour l’heure le seul moyen de prévention efficace à 100% lorsqu’il est correctement utilisé), alors même que l’efficacité de la PrEP, dans le meilleur des cas, ne pourrait être que partielle. Surtout, ils s’alarment du coût colossal que représenterait sa mise en œuvre, alors même que les associations de lutte contre le sida disent déjà devoir gérer une situation de pénurie financière qui les empêche de mener des campagnes de prévention efficaces en faveur du préservatif. Dans son rapport annuel dévoilé le mois dernier, la Cour des comptes pointait précisément la politique «insuffisamment active» des pouvoirs publics face à la pandémie.

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