RDV avec… Céline

M100228_12portraitMarylineimChercheuse atypique, Céline va depuis plusieurs mois à la rencontre des couples féminins et questionne le rapport à la fidélité, le partage des tâches, l’appartenance au milieu lesbien…

L’atmosphère est chaleureuse, malgré le froid dehors, chez Céline Costecharreire. Parquet ancien, mur carmin habillé de quelques effets décoratifs disposés avec goût, un intérieur parfaitement rangé, ciré, qui en dit peut-être long sur son couple. Depuis trois ans, la doctorante en sociologie a justement fait de ce rapport entre l’habitat et la conjugalité lesbienne le sujet de toutes ses attentions et compte bien, à l’été 2011, présenter enfin le résultat de ses recherches. «Dans ma thèse, je ne revendique pas une particularité du couple lesbien et je ne fais pas de l’homosexualité une pierre fondamentale dans l’identité de quelqu’un. Je veux dire “oui les couples lesbiens existent, c’est une réalité sociale”. Ce que je constate, c’est que la catégorie “homosexuelle” ne tient pas. Il n’y a pas un modèle, pas plus chez les lesbiennes que chez les hétéros d’ailleurs». Et non, ce n’est pas vrai que les lesbiennes sont davantage à la recherche du couple. «Bien-sûr qu’il y a du multi-partenariat. Certaines filles l’assument aujourd’hui très bien, le revendiquent même avec fierté. Par contre c’est vrai, au sein du couple, la notion de fidélité ne doit pas être transgressée. Il n’y a pas, comme chez les garçons, de négociation dans la vie conjugale». Si le sujet nous passionne, peut-il intéresser les institutions politiques ? Céline en est sûre. «Les couples de même sexe permettent de réinterroger les couples hétéros. Il y a peut-être une face cachée dans la relation homme-femme qui n’a pas encore été questionnée. Sur la violence conjugale par exemple. Elle ne tient peut-être pas uniquement à la domination masculine, puisqu’on retrouve aussi de la violence dans les couples féminins». Adolescente déscolarisée très tôt, salariée agricole un temps, Céline avait repris les études à vingt-trois ans pour obtenir une équivalence de bac. Aujourd’hui, ce parcours atypique l’a conduite malgré tout dans le clan des femmes qui pourraient nous en apprendre sur le monde. «Mais je suis une intello précaire !», précise-t-elle. «Mon contrat d’enseignante se termine fin août et rien de ne me dit que je pourrai continuer après». Sans allocation de recherche, le bout du parcours est encore loin…

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