Juin 2010

Une juin 2010

«S’il n’y avait eu que des homosexuels, je ne serais pas sur Terre.»
Michel Guérin, maire PC de Sarran

La qualité de la critique anti-Pacs laisse de plus en plus à désirer. L’argument brandi par le maire de Saran ressemble étrangement à l’un des slogans scandés par des catholiques traditionalistes qui se sont violemment opposé au kiss-in gay lyonnais, organisé dans le cadre de la Journée mondiale contre l’homophobie. On pouvait les y entendre révéler : «nous sommes tous des enfants d’hétéros». Merci pour l’information. Nous sommes le résultat de rapports sexuels hétérosexuels – ce qui au passage ne garantit pas que nous soyons des enfants d’hétéros… Les discours de ce type inquiètent plus par leur permanence et leur violence que par leur pertinence. Sans doute faut-il les dénoncer mais le péril semble dérisoire. Une autre critique paraît plus effrayante car peut-être en partie fondée : celle de mouvements “anti-communautaristes” qui fustigent la ghettoïsation dans laquelle se complaisent parfois les homosexuels. L’accusation en communautarisme, dont on a dénoncé plusieurs fois dans ces pages la vacuité (et l’incapacité à apprécier la nécessité de mouvements politiques minoritaires ou communautaires), touche de temps à autre juste. Comment ainsi ne pas se moquer du Gay Day qui se déroulait le 29 mai à Disneyland Paris, dont l’objectif était de rassembler «des gays et lesbiennes voulant partager ensemble un moment agréable autour d’un événement, loin de toute revendication». Mais alors quoi ? À quoi bon se rassembler sinon pour revendiquer quelque chose ? Les Marches des Fiertés de juin ne constituent-elles pas de bien meilleures occasions de prendre conscience, avec joie et conviction, de l’existence heureuse de la multiplicité des genres, des êtres et des désirs ? Gardez votre énergie pour la Marche des Fiertés lyonnaise du 12 juin, pendant laquelle vous pourrez défiler derrière un mot d’ordre courageux et salutaire, qui fait du mouvement LGBT une avant-garde de la convergence des luttes : «Droit au séjour, droit d’asile : ne transigeons pas!»

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