Kiss-in, l’heure du bilan

100614_3papieractuimcopyrightDerrickMassageLe rassemblement organisé par la Lesbian & Gay Pride (LGP) de Lyon devant la primatiale Saint-Jean a finalement bien eu lieu le 18 mai. La contre-manifestation des intégristes catholiques aussi.

S’il s’agissait de créer du “buzz“, ce fut incontestablement une réussite : durant la deuxième quinzaine de mai, tous les media lyonnais ou presque se sont fait l’écho du kiss-in initialement prévu le samedi 15 mai devant la primatiale Saint-Jean, au cœur du Vieux Lyon. Comme on le sait, le choix du lieu n’a pas eu l’aire de plaire à certains catholiques proches de l’extrême-droite, qui se sont fortement mobilisés sur Internet pour faire interdire le rassemblement. Sans succès, même si la préfecture a bel et bien exigé des organisateurs qu’ils reportent le kiss-in d’abord d’une heure, puis de trois jours, arguant que l’événement n’avait pas été déclaré suffisamment tôt. Malgré ces contretemps, les militants de la cause LGBT étaient bel et bien au rendez-vous sur la place Saint-Jean le 18 mai à 19h30, mais ils n’étaient pas seuls : des fidèles catholiques, secondés par quelques nervis fascisants, les attendaient de pied ferme sur le parvis de la cathédrale. Et si les cordons de sécurité formés par les forces de l’ordre ont heureusement permis d’éviter une bataille rangée, ce qui se voulait au départ un simple «happening sympathique et amical» a vite tourné à l’échange d’amabilités fleuries entre les deux camps. Conséquence immédiate : le bilan de cette action est aujourd’hui loin de faire l’unanimité chez les gays et les lesbiennes, même si chacun s’accorde à déplorer l’homophobie des intégristes. Il y a ceux, souvent des croyants, qui assimilent le choix du lieu à une «provocation», malgré les propos réitérés de la hiérarchie catholique contre l’homosexualité. Ceux, ensuite, qui déplorent le caractère potache de la manifestation, les slogans moqueurs entendus contre Marie ou les godemichés fièrement arborés sur la place Saint-Jean, certains déclarant même : «nous avons réduit nos sentiments à un inventaire de pratiques sexuelles». Et enfin, ceux, plus nombreux encore, qui regrettent qu’il n’y ait eu aucun appel à une embrassade généralisée (même si de nombreux couples ont effectivement échangé des baisers durant les deux heures qu’a duré le rassemblement) mais à la place une confrontation lassante (et très peu constructive) avec les intégristes. Si l’action a donc indéniablement atteint ses objectifs en matière de visibilité, il est douteux en revanche qu’elle ait réussi à faire évoluer les mentalités vers une plus grande acceptation de l’homosexualité.

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