Fly Girls : en rap’elles

Avec le livre Fly Girls : Histoire(s) du hip-hop féminin en France, paru aux éditions Au Diable Vauvert, Antoine Dole et Sté Strausz ont pour ambition de redonner aux femmes leur place dans la formation du mouvement hip-hop français.

Le premier, jeune écrivain de 29 ans, est le fondateur d’un collectif sur les nouvelles influences culturelles ; la seconde, rappeuse née en 1977, s’est notamment illustrée en participant à la BO du film La Haine et en interprétant un featuring avec Sting. Remontant aux origines de la Zulu Nation, qui influença des artistes françaises comme Zulu Queen (fondatrice du fanzine The Zulu’s Letter dans les années 80), les deux auteurs nous rappellent qu’avant d’entamer son virage gangsta et bling-bling, le mouvement hip-hop tel que théorisé par le Dj américain Afrika Bambaataa prônait «la recherche de succès, de paix, de sagesse, de compréhension et de bon sentiment». Véritable mode de vie et culture urbaine à part entière, le mouvement hip-hop, né chez les Noirs américains en quête de justice sociale et de reconnaissance, trouve rapidement un écho dans les banlieues françaises et pas seulement chez les garçons. Dans un mélange savamment orchestré de collages d’images, de reproductions d’illustrations et de graffitis et de citations de textes de chansons, Fly Girls donne vie aux événements marquants de l’évolution du hip-hop français par le prisme d’artistes féminines, contestant ainsi en filigrane l’hégémonie masculine hétéro-macho qui colle généralement à ce mouvement culturel. Qu’il s’agisse des performances en double-dutch des Ladie’s Night en première partie de Queen Latifah en 1990, du travail de productrice d’Ambre Foulquier à l’antenne de France Inter en 1996, de la création en 2002 de l’association La Rualité par la danseuse et chorégraphe Bintou, en passant par les chansons de Diam’s ou le Dj-ing de Dj Lady Style, l’ouvrage d’Antoine Dole et de Sté Strausz offre un panorama complet de tout un pan de la culture de ces trente dernières années souvent occulté par une imagerie machiste qui cantonne les filles aux rôles de mannequins en maillot de bain au bord de la piscine. Un bon moyen de réviser son histoire très contemporaine durant l’été.

Antoine Dole et Sté Strausz, Fly Girls : Histoire(s) du hip-hop féminin en France, Au Diable Vauvert, 2010

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