Fin heureuse pour Saïd

100704_3papierdetteim1Saïd, un Algérien homosexuel de 33 ans vivant en France, était menacé d’expulsion vers son pays natal. Il vient de se voir accorder le statut de réfugié et un titre de séjour valable pour dix ans.

Il est des coïncidences malheureuses : à quelques heures de la 15e marche des Fiertés lyonnaise, qui avait pour mot d’ordre cette année «Droit au séjour, droit d’asile : ne transigeons pas ! Protégeons les Lesbiennes, Gays, Bi et Trans !», on apprenait qu’un homosexuel algérien vivant en France depuis plusieurs années était retenu au Centre de rétention administrative de l’aéroport Saint-Exupéry. Saïd, c’est son prénom, est arrivé en France en 2006. D’après la Lesbian & Gay Pride de Lyon, qui s’est emparée de l’affaire pour tenter d’alerter l’opinion, plusieurs membres de sa famille, dont son père et ses frères, l’auraient rejeté et menacé de mort en raison de son orientation sexuelle ; il correspond en revanche régulièrement avec sa mère et sa sœur. En France, Saïd n’est pas seul : il vit en effet depuis trois ans avec un Français, René, avec qui il s’est pacsé le 29 décembre dernier. Deux mois plus tard, il reçoit de la préfecture du Rhône une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) prenant effet à compter du 1er avril. Cette mesure peut être attaquée devant le tribunal administratif compétent dans un délai d’un mois ; passé ce délai, la décision devient définitive. Or, l’avocat qui défend alors Saïd préfère, plutôt que d’attaquer l’OQTF, déposer un recours gracieux, c’est-à-dire une demande de réexamen du dossier par l’administration. Mais la procédure échoue, et le lundi 7 juin au matin, des policiers interpellent Saïd au domicile qu’il partage avec René et le conduisent en rétention. Sa nouvelle avocate tente alors un recours en urgence devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, en s’appuyant sur l’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme qui garantit le droit à la vie privée et familiale : ce recours échoue également. Enfin, une demande d’asile en procédure prioritaire est déposée auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) en arguant des menaces qui pèseraient sur la vie de Saïd en cas de retour en Algérie. C’est finalement cette voie qui s’avérera être la bonne : le 24 juin, l’OFPRA accorde à Saïd le statut de réfugié et une carte de résident valable pour dix ans. Depuis, le jeune homme a retrouvé la liberté et son compagnon René : une fin heureuse pour une situation comme il en existe beaucoup.

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