Trois questions à… Vincent Leclercq

H48webPrésident de la délégation AIDES en Isère

Comment expliquez-vous le refus du gouvernement d’expérimenter les “salles de shoot” ?
Nous vivons actuellement un tournant sécuritaire et la drogue est un sujet tabou. C’est pour cela que le gouvernement ne veut pas entendre parler de ces centres d’injection supervisée, bien qu’ils représentent un élément très pragmatique en matière d’accompagnement des usagers de drogue et de réduction des risques.

Mais ne risquent-t-elles pas d’encourager la consommation et donc la prise de risques ? 
Je ne crois pas que ce soit la mise à disposition d’une salle ou de seringues stérilisées qui incite les personnes à se droguer. Lorsque vous avez un préservatif devant les yeux, vous n’avez pas pour autant envie d’avoir des relations sexuelles ! De plus, les salles ne s’adressent pas à tous les injecteurs, mais plutôt à cette catégorie de la population qui se drogue dans des situations de grande précarité et est donc exposée à des risques très importants, aussi bien somatiques (abcès, overdose…) qu’infectieux (hépatite C, VIH…).

Plusieurs députés UMP ont contesté l’efficacité des “salles de shoot” dans les pays où elles ont été instaurées. Est-elle réellement prouvée ? 
Dans les huit pays, par ailleurs très différents, qui ont expérimenté ces salles, des évaluations ont été menées et se sont révélées très positives en termes de réduction des risques. J’ignore sur quels points porte la contestation de ces députés, mais je crois que leur opposition repose plus sur un point de vue moral qui vise à proscrire la consommation de drogue que sur une volonté d’accompagnement des usagers.

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