Papa mia!

101122_Ben16Pour la première fois, le Vatican semble admettre l’usage du préservatif pour enrayer l’épidémie de sida, sous certaines conditions plutôt restrictives. Les associations de lutte contre le VIH demandent au pape des avancées supplémentaires.

Joseph Ratzinger, 265ème pape de l’Église catholique romaine depuis le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI, a estimé dans un livre d’entretiens avec le journaliste allemand Peter Seewald que le préservatif pouvait être utile, «dans certains cas» afin de «réduire les risques de contamination» par le sida. «Cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement», a ajouté le souverain pontife, âgé de 83 ans. L’ouvrage, intitulé Lumière du monde, paraîtra le 23 novembre, mais les bonnes feuilles en ont été publiées dès ce week-end par le quotidien du Vatican, L’Osservatore Romano.

L’Église catholique s’était jusqu’à présent toujours formellement opposée à l’utilisation du préservatif (comme d’ailleurs à toute forme de contraception), estimant que le promouvoir équivaudrait à «une banalisation du sexe» qui ne ferait que renforcer la pandémie de VIH. En mars 2009, le pape avait même déclaré que l’utilisation du préservatif «aggravait» le problème au lieu de contribuer à le résoudre.

Si Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence Nationale de Recherche contre le Sida (ANRS), s’est réjouit le 22 novembre sur France Inter de ce qu’il a qualifié d’«avancée», les associations de lutte contre le sida ont accueilli ces propos du pape avec scepticisme, estimant que ceux-ci ne constituaient pas des progrès suffisants.

Le Sidaction regrette ainsi que Benoît XVI réitère son analyse selon laquelle le préservatif «n’est pas la façon à proprement parler de venir à bout du mal de l’infection du VIH. Cela doit réellement se produire dans l’humanisation de la sexualité». Pour l’association présidée par Pierre Bergé, ce point de vue «est à l’opposé des certitudes scientifiques. L’utilisation du préservatif doit être promue de façon étendue partout où des hommes et des femmes sont exposés au VIH. La distribution de préservatifs et de lubrifiant, pour en faciliter son utilisation, doit être encouragée et facilitée partout là où ils sont difficiles d’accès».

Act Up-Paris a également publié le 21 novembre un communiqué titré «le pape est encore loin du compte». Pour l’association fondée en 1989, «si le pape veut vraiment lutter contre l’épidémie, il faut qu’il aille beaucoup plus loin, Il faut qu’il reconnaisse que les politiques d’abstinence et de fidélité sont des échecs et sont directement responsable de la mort et de la contamination de centaine de millier de personnes. Mis en place sous l’influence de la morale religieuse, ces politiques d’abstinence ont détourné les gouvernements de véritables programmes de prévention. Moins de 20% de la population mondiale a aujourd’hui accès au préservatif alors même que l’épidémie de sida touche plus de 40 millions de personnes et qu’elle continue de s’étendre dramatiquement». Et de conclure que «le pape et l’Église catholique restent toujours homophobes, anti-avortement, et complices de 25 ans de propagation du sida à travers le monde».

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