Demain, tous dépistés ?

Le plan national de lutte contre le sida dévoilé quelques semaines seulement avant la Journée mondiale du 1er décembre met l’accent sur le dépistage et cible les «populations» les plus à risques.

Ce fut l’un des derniers grands actes de Roselyne Bachelot au ministère de la Santé, juste avant qu’elle ne transfère ses dossiers à Nora Berra (voir encadré ci-contre) : le dévoilement, jeudi 4 novembre, d’un «plan national de lutte contre le VIH/sida et les Infections Sexuellement Transmissibles (IST) 2010-2014». Avec, pour mesure-phare, la généralisation du dépistage du virus à l’ensemble de la population française âgée de 15 à 70 ans, alors qu’on estime à 50 000 le nombre de séropositifs vivants en France qui ignorent leur statut sérologique. Ceux-là sont évidemment privés des soins et des traitements permettant de ralentir l’évolution de la maladie et peuvent de surcroît se montrer moins vigilants dans l’utilisation du préservatif. Le dépistage ne devient pas obligatoire, mais systématique : il s’agit de «proposer au moins un dépistage du VIH au cours de la vie», le plus souvent sur suggestion du médecin traitant. Mais pas seulement, et c’est là une innovation importante : le plan préconise également de «mettre en œuvre un dépistage en milieu communautaire» à travers des tests rapides. Il s’agit de tests réalisés à partir d’un échantillon de sang prélevé à l’extrémité d’un doigt et dont le résultat peut être connu au bout d’une demi-heure. Leur fiabilité est la même que celle des tests réalisés grâce à une piqûre en intraveineuse. Ces tests, plus simples à pratiquer, pourraient être proposés par des personnels non-soignants, comme des associatifs.

Les LGBT particulièrement visés

Ce plan prévoit notamment quatre «programmes populationnels» en direction des publics les plus touchés par l’épidémie : les migrants, les usagers de drogues, les prostitué(e)s et enfin les personnes LGBT. Au sein de cette dernière catégorie, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (“HSH“, qui peuvent être des gays mais aussi des hommes mariés ou bisexuels ne se définissant pas eux-mêmes comme homosexuels) sont évidemment particulièrement visés : rien d’étonnant à cela puisqu’ils représentaient en 2008 près de la moitié (48%) des nouvelles contaminations. Mais, et c’est à noter, les lesbiennes et les transidentitaires n’ont pour une fois pas été oubliés. Le plan rappelle ainsi que, selon une enquête réalisée en 2006, on déplore «quatre fois plus d’infections sexuellement transmissibles chez les “FSF“ [femmes déclarant des pratiques homosexuelles, NdlR] que chez les femmes hétérosexuelles». Reconnaissant officiellement que les lesbiennes «associent l’invisibilité individuelle, sociétale, communautaire et politique» et qu’elles «souffrent à la fois du sexisme en tant que femmes et de l’homophobie en tant qu’homosexuelles», le document du ministère regrette «des données insuffisantes» sur cette population dont les comportements à risques sont «identifiés mais insuffisamment analysés». Même constat ou presque concernant les transidentitaires, pour lesquels il faudrait «améliorer le dépistage». Bien que les propositions en ce sens restent très timides (le rapport recommande seulement pour l’instant d’«étudier les conditions de mise en œuvre» d’une enquête sur cette population), il s’agit d’un début de réponse à une revendication portée depuis longtemps par les associations de défense des transidentitaires (dont, à Lyon, Chrysalide, qui vient justement de faire paraître une brochure intitulée Les transidentités et la réduction des risques). Pour s’assurer que ces promesses seront tenues et pour ne pas relâcher la pression, les associations de défense des homosexuels et de lutte contre le sida organisent, mercredi 1er décembre à 18h à Lyon (départ place Bellecour), une marche militante.

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