Remaniement : une promenade de Santé

Cinq jours seulement avant l’annonce de la formation du gouvernement Fillon III, l’association de lutte contre le sida Act Up-Paris publiait un communiqué incendiaire contre la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, accusée de «porte[r] de nouveaux coups aux séropos», et appelait celle-ci à démissionner. Sur ce point au moins, le jeu de chaises musicales au sein du gouvernement aura donné satisfaction à l’association, puisque Roselyne Bachelot a quitté ses fonctions pour prendre la tête du ministère (nouvellement créé) des Solidarités et de la Cohésion sociale. Elle n’est donc plus en charge, au sein du gouvernement, des questions liées au VIH. Ce dossier échoit à la nouvelle secrétaire d’État à la Santé, la Lyonnaise Nora Berra, 47 ans, jusque-là secrétaire d’État aux Aînés. Conseillère municipale de Lyon depuis 2008 et conseillère régionale de Rhône-Alpes depuis 2010, elle a exercé dans les années 90 au service d’immunologie de l’hôpital Édouard Herriot et connaît donc bien le fonctionnement du virus du sida. Mais c’est une autre période de sa vie professionnelle qui inquiète les associations : pendant dix ans et jusqu’à l’année dernière, elle a en effet travaillé pour trois importants laboratoires pharmaceutiques (Boehringer Ingelheim, Bristol-Myers Squibb puis Sanofi Pasteur). Il n’en fallait pas plus pour que d’aucuns voient son action entachée du soupçon de conflits d’intérêts… Act Up-Paris demande donc des gages pour lever toute éventuelle ambiguïté, «par exemple en proposant une taxe sur les bénéfices des compagnies pharmaceutiques pour financer la Sécurité sociale». Act Up-Paris regrette également que les questions de santé, qui relevaient auparavant d’un ministère (13e dans l’ordre protocolaire), soient aujourd’hui reléguées à un simple secrétariat d’État (25e) : «Nicolas Sarkozy a au moins rendu explicite ce que tout le monde avait compris : pour l’UMP, la santé n’est pas une priorité», estime l’association. Enfin, elle pointe du doigt des contradictions entre la volonté affichée par le gouvernement de lutter contre le sida et certaines propositions ou projets de loi émanant de la majorité, qui fragiliseraient des populations entières (toxicomanes, prostitué(e)s, migrants…), les rendant ainsi plus vulnérables au VIH.

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