Le Condamné à mort

101226_11slectiondisqueimD’Étienne Daho et Jeanne Moreau (Naïve)

Il fallait du courage, voire un certain brin de folie, pour oser reprendre intégralement le poème Le Condamné à mort de Jean Genet, dont on commémore cette année le centenaire de la naissance. C’est pourtant ce qu’a osé Étienne Daho, accompagné pour ce projet par Jeanne Moreau. Genet écrit ce poème en 1942 (alors qu’il est emprisonné pour vol) et le dédie à Maurice Pilorge, condamné à mort pour le meurtre de son amant. La solitude, la culpabilité, la mort mais aussi parfois les amours et très souvent les fantasmes que nourrit le prisonnier forment donc tout l’objet de ce magnifique texte. Daho l’interprète avec justesse et colle parfaitement avec les vers qu’il déclame. Il parvient ainsi à donner chair à cette nébuleuse de thèmes qui traversent l’esprit du condamné. Mais cette voix claire, légère et haute de chanteur des années 90 peut surprendre au début ; certains trouveront même qu’elle ne met pas assez en relief la profondeur du texte de Genet. De plus, on peut regretter la faible participation de Jeanne Moreau (qui n’est présente que sur la première et la dernière pistes), dont la voix parlée, grave, suave et unique, tranche avec celle de Daho et la complète parfaitement. Malgré cela, il est difficile de ne pas être touché par l’intensité du texte et par sa mise en musique. Le style est assez minimaliste, tout comme l’instrumentation, qui se limite à quelques guitares, un violoncelle, une basse et une batterie. Même la voix de Daho est, comme toujours, peu chantante et reste souvent proche de l’incantation afin de mieux servir le texte (comme en témoigne le titre Pardonne-moi mon Dieu). Mais elle sait aussi vriller de tristesse Sur mon cou ou se faire beaucoup plus légère sur le morceau au texte homo-érotique J’ai tué.

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