Mishima en biopic

Pour commémorer les quarante ans de la mort du maître par seppuku (une forme de suicide ritualisé par éventrement, plus connu en Occident sous le nom de hara-kiri), Wild Side Vidéo a eu la bonne idée de sortir de ses cartons une œuvre de 1985 : Mishima : une vie en quatre chapitres. Le film retrace les événements du 25 novembre 1970, durant laquelle Mishima, accompagné de quatre de ses disciples, exhorta vainement les soldats d’une garnison de Tokyo à se soulever afin de rétablir l’autorité de l’Empereur. Les préparatifs du coup d’État se mêlent aux souvenirs de Mishima (sous forme de flashbacks en noir et blanc) et aux mises en scène très théâtralisées (dans un technicolor très pop et presque criard) de trois de ses romans : Le Pavillon d’Or, La Maison de Kyoko et Chevaux échappés. Cette forme originale permet au réalisateur Paul Schrader (scénariste attitré de Scorsese) de dépasser les limites de la biographie et d’épargner aux spectateurs le déterminisme laborieux qui la plombe souvent. Surtout, elle rend possible un jeu de miroirs fascinant entre la vie et l’œuvre incroyablement mêlées de l’écrivain : Chevaux échappés annonce ainsi jusque dans ses détails l’échec du coup d’État (d’éclat ?) qu’il dirigera l’année suivante. Porté par une bande-son du compositeur Philip Glass, Mishima : une vie en quatre chapitres est une merveille tant sonore que visuelle.

Mishima : Une vie en quatre chapitres de Paul Schrader, avec Ken Ogata, en replay sur Arte jusqu’au 16 mars 2021.

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