Trois questions à… Paul Bacot

101226_3troisquestionsimPolitologue à l’Institut d’Études Politiques de Lyon.

Les récentes déclarations de Marine Le Pen laissent-elles présager un changement d’orientation du Front National sur les questions liées à l’homosexualité ?
On note dans ses récents propos une certaine attention portée au sort de catégories rarement choyées par le Front National, comme par exemple les fonctionnaires. Il est vrai qu’il y a soixante ans, les poujadistes vitupéraient ouvertement les homosexuels, et que beaucoup plus récemment, Monsieur Le Pen dénonçait les «fédérastes», dans un jeu de mots particulièrement suggestif. Tout discours politisant établit une hiérarchie dans les clivages : pour Madame Le Pen aujourd’hui, l’opposition principale est bien entre d’une part l’alliance du marché et de la religion (illustrée par l’affaire de la viande hallal), et d’autre part ce qu’elle appelle «le camp national».

Ne risque-t-elle pas ce faisant de s’aliéner la frange la plus conservatrice de l’extrême-droite française, notamment les catholiques intégristes ? 
Cette démarche n’est effectivement pas sans risque. Mais il est probable que Madame Le Pen ne compte guère sur les catholiques intégristes pour s’emparer de la direction du parti. Elle considère sans doute que ces derniers sont acquis à son concurrent, et que leur poids n’est pas considérable.

Pensez-vous que l’électorat gay et lesbien français puisse être réceptif à un discours antimusulman ? 
On ne peut pas exclure que certains événements favorisent un ralliement d’une partie d’entre eux à une représentation du monde dans laquelle se dressent face à face une mondialisation islamisante et une sorte de défense du statu quo national.

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