Le baiser de Langlois
C’est nouveau, c’est tout beau, c’est plein d’enthousiasme, surtout pour celui qui en est à l’origine. Le directeur général de l’Orchestre national de Lyon (ONL), Laurent Langlois, invente le French Kiss. Non, pas ce baiser langoureux, bouche ouverte, bien français, que tant d’hommes et de femmes dans le monde nous envient. Juste un festival qui privilégie la musique française. L’idée peut faire peur à une époque où le repli sur soi est de bon ton, mais attendons et décortiquons un peu le programme. Langlois part du principe que les Français boudent leur musique, ne connaissent ni Ravel, ni Lully, ni Chausson, ni Fauré, ni Massenet… Et, sous un certain angle, il n’a pas tort. Ces compositeurs ne sont pas assez joués, leur musique est souvent méconnue, alors, ouvrons grand les portes de l’Auditorium ainsi que nos oreilles pour écouter une certaine musique française. Il faut avouer que l’affiche est belle, tant du côté des compositeurs que de celui des chefs d’orchestres invités. Prenons par exemple le concert d’ouverture : Hervé Niquet, chef baroqueux par excellence, va diriger l’Orchestre national de Lyon – aux timbres plutôt “modernes“ – qui interprétera, dans une même soirée, des œuvres de Lully, Ravel et Méhul : un programme surprenant par son éclectisme mais intéressant. Au fil de ce festival, d’autres soirées plutôt bien ficelées s’annoncent : le 18 février, l’immense Georges Prêtre dirigera la Symphonie en ré de César Franck. Plus audacieux, le public pourra même entendre de la musique contemporaine avec Moving, pièce pour trio à cordes d’Édith Canat de Chizy, compositrice en résidence à l’ONL. Et puis, les incontournables : des extraits de La Belle Hélène d’Offenbach, de Petrouchka de Stravinsky ou de L’Arlésienne de Bizet. Ce festival reviendra tous les mois de février durant trois saisons ; et comme un bon french kiss demande de la pratique, voyons, écoutons, savourons et nous verrons bien si nous reviendrons la saison prochaine.
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