Petite Sexion

110205_sexionTrois mois après l’annulation de leurs concerts initialement prévus à Lyon et Saint-Étienne, les membres du groupe Sexion d’Assaut refont parler d’eux.

Début janvier, le festival stéphanois Paroles et Musiques a annoncé qu’il programmerait les rappeurs parisiens de Sexion d’Assaut au Zénith de Saint-Étienne le 1er juin prochain. Une décision qui a aussitôt déclenché la fureur de plusieurs associations (Autrement Gay, Face à Face, SOS Racisme Loire…), indignées par les paroles ouvertement homophobes de certaines de leurs chansons. Après une interview donnée au magazine Hip-Hop International en juin 2010 et la polémique qui s’en était suivie à l’automne dernier, le groupe avait présenté des excuses ambigües et alambiquées, aussitôt démenties par un clip posté sur Internet et dans lequel le chanteur Lefa affirmait : «ceux qui disent qu’on a changé sont peut-être tous sourds». Ces excuses semblent pourtant avoir convaincu le festival Paroles et Musiques de la bonne fois des “repentants“.

Engagements

Dans un communiqué publié le 14 janvier, les organisateurs annoncent avoir signé un contrat avec le groupe par lequel celui-ci prend plusieurs engagements : un tract sera diffusé à l’entrée du concert «afin d’informer le public sur les dangers et la gravité des propos homophobes», des rencontres avec les associations homosexuelles auront lieu si celles-ci en font la demande, un concert contre les discriminations sera organisé au printemps en région parisienne et le concert du 1er juin sera annulé si le groupe réitère ses propos homophobes. Les organisateurs affirment également que «les extraits de chansons cités [par les associations pour démontrer le caractère homophobe du groupe] ne sont jamais sortis sur CD», ce qui n’est qu’à moitié vrai : s’ils ne figurent effectivement pas sur L’École des Points Vitaux (premier et unique album à ce jour de Sexion d’Assaut, sorti l’an dernier), ils ont bien été édités auparavant sur des street albums (albums vendus lors de concerts ou dans des boutiques spécialisées). Pour les associations, ces arguments ne sont que poudre aux yeux masquant l’attitude «mercantile et irresponsable» du festival, qui fêtera sa vingtième édition cette année et qui est largement subventionné par des collectivités locales. C’est d’elles qu’est finalement venu le coup de grâce : le 27 janvier, la Ville de Saint-Étienne a demandé l’annulation pure et simple du concert. Le festival réserve sa réponse pour le début du mois. Ironie piquante : le groupe tire son nom des Sections d’Assaut (SA) nazies qui préparèrent l’arrivée au pouvoir d’Hitler dans les années 30 et dont le premier dirigeant, Ernst Röhm, était lui-même homosexuel.

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