Hélène Mandroux : «mobiliser nos parlementaires en faveur du mariage homosexuel»

Hélène Mandroux, maire (socialiste) de Montpellier, a symboliquement marié un couple d’hommes le 5 février dernier.

hélène mandroux

Votre décision de procéder à cette nouvelle célébration d’union homosexuelle, sept ans après le «mariage de Bègles», a-t-elle un lien avec la décision récente du Conseil constitutionnel se déclarant «incompétent» pour trancher ce débat?

Hélène Mandroux : Non, c’est plutôt un hasard du calendrier. Les deux nouveaux “mariés”, M. Santos Mota et M. Robin, vivent ensemble depuis 25 ans. M. Santos Mota possède la nationalité d’un pays, le Portugal, où le mariage homosexuel est légal, c’est pourquoi ils ont demandé au consulat du Portugal à Marseille de les marier, mais celui-ci leur a adressé une fin de non-recevoir parce que M. Robin est Français et que le mariage homosexuel n’est pas reconnu dans notre pays. Or, il se trouve qu’ils sont tous les deux Montpelliérains et que je les connais très bien car l’un est le président de Casa Amadis, l’association culturelle de langue portugaise de Montpellier et l’autre dirige la radio associative locale Divergence FM.

Face à leur déception, je leur ai dit que j’étais prête à les “marier“ symboliquement. En tant qu’élue, il n’est pas question pour moi de ne pas respecter la loi et je n’ai donc pas inscrit le mariage dans le registre de l’état civil. Notre espoir en faisant cela, c’était de mobiliser nos parlementaires pour qu’ils mettent au moins ce sujet à l’ordre du jour et qu’ils l’intègrent à leur programme en vue des présidentielles de l’an prochain. Nous voulons leur faire prendre conscience qu’il y a là un problème de discrimination. Le mariage homosexuel, c’est une évolution de la société dont il faut prendre compte.

Si la gauche revient aux affaires en 2012, pensez-vous que vos camarades du Parti Socialiste vous suivront dans votre combat et ouvriront le mariage et l’adoption aux couples de même sexe ?

Hélène Mandroux : Oui, bien sûr. Martine Aubry l’a inscrit au programme du PS et Jean-Marc Ayrault, le chef des députés socialistes, s’est engagé à demander que cette question soit à l’ordre du jour du Parlement avant cet été. Aujourd’hui, le mariage homosexuel est légal en Espagne et au Portugal, deux pays à tradition catholique, mais pas en France. Notre pays a toujours été un peu en retard : c’était déjà l’un des derniers en Europe à accorder le droit de vote aux femmes.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que, face à la crise économique et sociale, cette question n’est pas la priorité des électeurs pour 2012 ?

Hélène Mandroux : Il y a beaucoup de priorités, évidemment : le chômage, le logement, la santé… Mais quand il y a une discrimination et qu’on se dit de gauche, on doit se donner les moyens de la combattre. Si on ne la fait pas ressortir, on risque de l’oublier et la France n’évoluera pas. De toutes les manières, un programme, c’est un tout.

Que peuvent, selon vous, les maires pour les droits des personnes homosexuelles ?

Hélène Mandroux : À Montpellier, j’ai fait modifier les bulletins d’inscription des enfants dans les crèches ou les écoles. Au lieu d’indiquer le nom du père et celui de la mère, ceux-ci n’indiquent plus que ceux des adultes ayant l’autorité parentale. Par ailleurs, il n’y a pas très longtemps, un couple de Montpelliéraines a eu un enfant ; l’une d’elles travaillait à la mairie et je lui ai accordé son congé parental exactement comme je l’aurais fait pour un couple hétérosexuel.

Quelle est votre position sur d’autres questions soulevées par le mouvement LGBT, concernant par exemple le changement d’état civil des transidentitaires ou encore la légalisation de la gestation pour autrui ?

Hélène Mandroux : Pour le premier point, je ne suis pas du tout au courant du problème que vous soulevez. Concernant la gestation pour autrui, c’est un autre débat. Pour ma part, je pense qu’il ne faut pas louer le corps des femmes, sous peine de s’exposer à des dérives graves. Ici, c’est la femme qui réagit !

 

 

Hélène Mandroux

1er décembre 1940 : naît à Blois (Loir-et-Cher).
1982 : adhère au Parti Socialiste.
22 mars 1992 : élue conseillère régionale de Languedoc-Roussillon.
22 avril 2004 : succède à Georges Frêche à la mairie de Montpellier.
14 novembre 2009 : à l’occasion des dix ans du PACS, lance «l’appel de Montpellier» en faveur de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels.
14 mars 2010 : la liste socialiste qu’elle dirige aux élections régionales en Languedoc-Roussillon est éliminée dès le premier tour avec 7, 74% des suffrages.

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