Les Amours imaginaires, de Xavier Dolan
Polémiquer sur Les Amours imaginaires de Xavier Dolan, c’est refaire l’histoire du verre d’eau à moitié vide ou à moitié plein. Faut-il voir dans ce film de jeunesse, saturé de références et d’effets techniques pompeux, la griffe d’un jeune cinéaste présomptueux qui joue des coudes pour se faire une place dans le cinéma d’auteur ? À moitié plein, ce film est une bouffée d’air et tombe à point nommé lorsque nos vingt ans (et l’insouciance qui va avec) semblent déjà loin. Xavier Dolan prend le parti de filmer des personnages hors-réalité, des personnages imaginaires, caricatures sophistiquées mais sympathiques de la jeunesse branchée. Ils sont tous beaux, font des fêtes et partent en week-end dans un Canada de carte postale. Rythmé par une bande-son très présente et plutôt fun (The Knife, Dalida, House of Pain, France Gall…), le film est centré sur leurs préoccupations (existentielles) : comment je m’habille ? Suis-je bien coiffé(e) ? Est-ce qu’il m’aime ? Car Les Amours imaginaires est une énième variation sur le thème du triangle amoureux. Deux amis, Marie et Francis aiment la même personne, Nicolas. Ils vont chacun de leur côté essayer de se rapprocher de lui, quitte à faire quelques crochepieds (pas bien méchants) à l’autre. Pas vraiment de suspens pour savoir qui l’emportera, puisque l’intérêt du film réside plutôt dans cette jeunesse improbable qui agace autant qu’elle touche, dans ces jeunes adultes qui se la pètent un peu et qui connaissent leurs premières histoires affectives fortes, qu’elles soient amicales ou amoureuses. Les Amours imaginaires transforme ainsi le verre d’eau à moitié plein en une savoureuse gorgée d’élixir de jouvence.
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