Regards d’historiens

Deux livres récents, écrits par de jeunes chercheurs, abordent la déportation homosexuelle. Le premier, La Déportation pour motif d’homosexualité, de Mickaël Bertrand, possède le grand mérite de nous faire découvrir l’historien au travail, traquant les sources et parcourant les archives pour essayer de trouver des traces de déportés pour homosexualité. Le livre s’attache également à rappeler la législation s’appliquant aux homosexuels. Outre ses contributions, le livre se signale par des photos et des rapports de police témoignant d’une surveillance des homosexuels à Dijon, ainsi que par une postface de Jean Le Bitoux, écrite quelques jours avant son décès en avril 2010. Le second, Triangle rose, de Régis Schlagdenhauffen, s’intéresse pour sa part à la mémoire de la persécution des homosexuels et à sa construction. Il compare les commémorations et les stratégies mémorielles mises en œuvre par les militants dans trois pays (l’Allemagne, la France et les Pays-Bas), où les débats ont revêtu des aspects différents dans leur forme et dans leur conflictualité. La comparaison offre alors un passionnant regard sur les commémorations, les concurrences et les usages militants de la mémoire et les différentes formes de reconnaissance.