grande mosquée de lyon

Pourquoi le kiss-in prévu devant la Grande Mosquée de Lyon était une très mauvaise idée

«Y a-t-il des homophobies que l’on peut combattre et d’autres que l’on doit taire ?».

(Réaction des responsables du site LyonGay.net après l’annulation du kiss-in organisé devant la Grande Mosquée de Lyon)

Après le refus de la Lesbian & Gay Pride de Lyon de s’associer au kiss-in initialement prévu le 7 mai dernier devant la Grande Mosquée de Lyon et l’annulation de ce dernier, certains ont pu se demander, sans être d’horribles racistes bouffeurs d’imams, pourquoi les responsables associatifs lyonnais avaient soutenu le kiss-in organisé l’an dernier devant la primatiale Saint-Jean et pas celui-ci. Il n’appartient qu’à eux seuls d’y répondre, mais nous pouvons toutefois apporter quelques précisions qui nous semblent justifier l’extrême réserve dont ils ont fait preuve.

Le kiss-in organisé l’an dernier place Saint-Jean intervenait quelques semaines seulement après une série de déclarations consternantes émanant du Vatican, série culminant avec l’amalgame entre pédophilie et homosexualité effectué par son n°2, le cardinal Tarcisio Bertone. Dans ce contexte, s’embrasser devant le joyau de l’archidiocèse de Lyon pouvait légitimement s’interpréter comme un moyen de faire connaître la désapprobation de tous ceux qui refusent l’homophobie à Mgr Barbarin, primat des Gaules, archevêque, cardinal et donc représentant du Vatican à Lyon.

Deux initiatives qu’on ne peut comparer

Mais que voulait-on signifier au recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, en organisant ce nouveau kiss-in ? La religion musulmane, au contraire de la religion catholique, est très éclatée et sans véritable hiérarchie cléricale (à l’exception de sa branche chiite, à laquelle n’appartient pas la Grande Mosquée de Lyon, sunnite). À ce titre, tenir Kamel Kabtane responsable ou même coresponsable des atrocités commises au nom de l’islam contre les homosexuels dans les pays musulmans n’aurait eu aucun sens. Cette initiative témoignait d’une ignorance profonde de la structure même de l’islam et de ses divisions en branches concurrentes. Surtout, elle feignait de ne pas voir que les peines de prison, les châtiments corporels et les condamnations à mort qui sont infligés aux homosexuels dans le monde arabo-musulman sont le fait d’instances civiles et politiques, non religieuses.

Si, d’aventure, il vient un jour au recteur de la Grande Mosquée de Lyon l’idée saugrenue de proférer des insanités comparables à celles du cardinal Bertone, il sera toujours temps de protester en s’embrassant sous ses fenêtres. En attendant, la 16e Marche des Fiertés lyonnaises, qui se déroulera le 18 juin, nous apparaît comme un moyen bien plus judicieux de réaffirmer le refus de l’homophobie, y compris lorsqu’elle dit s’inspirer de la religion. De toutes les religions.

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