Des vacances en rose

À l’heure des grands départs en vacances, certains homos penchent pour un tourisme communautaire souvent méconnu mais en plein développement.

Le voyageur de passage à Lyon qui chercherait à découvrir les adresses gays et lesbiennes incontournables de la capitale des Gaules se retrouvera fort dépourvu s’il lui vient d’aventure l’idée saugrenue d’aller chercher des informations à l’Office du Tourisme (géré par l’association OnlyLyon) place Bellecour. Parmi la multitude de prospectus disposés sur les présentoirs, il ne trouvera ni guide, ni journal LGBT. Il lui faudra de lui-même aller les demander à l’accueil : puisque les homos sont «des vacanciers comme les autres», inutile de leur présenter les bars, discothèques, saunas, sex-clubs et autre chambres d’hôtes qui s’adressent spécifiquement à eux… Cette situation étrange illustre bien les difficultés que rencontre le tourisme gay et lesbien pour se développer et sortir de l’invisibilité. Par peur de tomber dans les excès du communautarisme, par volonté (louable) de ne pas distinguer les vacanciers gays et lesbiens des autres, les relais institutionnels habituels tels que les Offices du Tourisme peinent souvent à appréhender et mettre en valeur correctement la richesse de la vie gay et lesbienne de leur ville ou de leur région. Pourtant, dans ce domaine comme dans bien d’autres, les choses évoluent, doucement mais sûrement, notamment par le biais d’Internet : les sites monweekendalyon.com, mis en place par l’Office du Tourisme du Grand Lyon, ou grenoble-tourisme.com proposent par exemple une rubrique «gayfriendly». Et lorsque cela ne suffit pas, le secteur privé prend parfois le relais : c’est ainsi qu’est née cette année à Lyon une association de commerçants gays et lesbiens, GoToLyon (près d’une trentaine de membres à ce jour), qui gère un site Internet du même nom et qui vise à faire connaître et rayonner le milieu homo lyonnais en France comme à l’étranger. Ce qui est bien le moins, pour la «ville [de province] la plus gay-friendly de France», selon un classement publié par le mensuel Têtu en 2009.

Des solutions pour tout type de vacances

On aurait tort pour autant de considérer que le tourisme friendly se cantonne aux grandes villes. Même au cœur des campagnes, le touriste homosexuel amoureux des balades en nature peut compter sur des espaces de tolérance où il sera bien accueilli : les chambres d’hôtes n’hésitent plus désormais à afficher leur rainbow attitude, surtout depuis que ce secteur a été massivement investi par des hébergeurs gays et les lesbiens (voir encadré). Ceux-ci ont bien compris qu’en vacances plus encore qu’à d’autres périodes de l’année, les couples de même sexe qui vont partager une chambre chez eux pendant quelques jours souhaitent échapper aux regards dubitatifs, aux questions indiscrètes, voire aux manifestations de franche hostilité. Mais bien d’autres solutions s’offrent aux touristes homos qui veulent s’assurer de voyager en toute tranquillité. Un site communautaire comme lghei.org, fondé sur le principe du couch-surfing (hébergement gratuit entre touristes sur la base de la réciprocité) propose ainsi, contre une cotisation annuelle de 25€, une manière à la fois économique et conviviale de voyager. Sans parler des croisières gays, une véritable tradition outre-Atlantique qui tente de s’exporter en France depuis deux ans. Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, qu’on y voie le symptôme de l’incapacité de certains homos à sortir des barrières de la communauté ou une simple parenthèse d’insouciance et de drague au milieu d’un train-train quotidien hétéro-normé, le tourisme gay et lesbien semble donc receler un potentiel encore largement inexploré qui laisse présager un fort développement dans les années à venir.

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