enseignement catholique christine boutin le 21 décembre 2007 credit Benjamin Lemaire - Virtuo Presse

Boutin et l’enseignement catholique en croisade contre le “genre”

L’enseignement catholique et Christine Boutin partent en guerre contre «l’introduction de la «théorie du genre» dans les programmes scolaires» (sic).

Le contenu des programmes scolaires reste décidément un inépuisable vivier à polémiques. Cette fois-ci, c’est le Secrétariat général de l’enseignement catholique (représentant plus de deux millions d’élèves), relayé par Confédération Nationale des Associations Familiales Catholiques (CNAFC) et le Parti Chrétien-Démocrate de Christine Boutin (photo), qui s’en prend aux nouveaux manuels scientifiques des classes de première des séries littéraire (L) et économique et sociale (ES). Ceux-ci sont accusés de propager une pernicieuse «théorie du genre», un champ d’études interdisciplinaire qui met notamment l’accent sur l’importance de l’acquis (les apports culturels, sociaux, environnementaux…) dans la construction d’un «genre sexuel» qui ne correspond pas nécessairement au «genre biologique», défini par les organes génitaux.

Sur les blogs de la «cathosphère», qui s’est emparée de l’affaire plusieurs semaines durant, la théorie du genre est décrite, au même titre que l’avortement, l’euthanasie ou la contraception, comme une «idéologie de mort», à mi-chemin entre le nazisme et le satanisme…

Beaucoup de bruit pour rien

Mais les changements apportés aux manuels scolaires sont-ils aussi révolutionnaires que le prétendent les associations catholiques ? Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 30 septembre 2010, qui définit le contenu des programmes, ne se réfère pas explicitement à la théorie du genre, mais exige des élèves qu’ils soient capables de «différencier […] ce qui relève de l’identité sexuelle, des rôles en tant qu’individus sexués et de leurs stéréotypes dans la société, qui relèvent de l’espace social [et ce qui relève] de l’orientation sexuelle qui relève de l’intimité des personnes». Une directive que les éditeurs de manuels scolaires ont traduit de différentes manières.

Bordas, par exemple, affirme que «si, dans un groupe social, il existe une forte valorisation du couple hétérosexuel et une forte homophobie, la probabilité est grande que la majorité des jeunes apprennent des scénarios hétérosexuels». Hachette précise de son côté que les «facteurs affectifs et cognitifs, et surtout le contexte culturel, ont une influence majeure sur le comportement sexuel». Belin se borne quant à lui à rappeler que «je peux être un homme et être attiré par les femmes. Mais je peux aussi me sentir 100% un homme viril et être attiré par les hommes. Et je peux être une femme attirée par les hommes ou une femme attirée par les femmes». Une véritable «idéologie de mort», on vous dit…

 

Photo : Christine Boutin le 21 décembre 2007 © Benjamin Lemaire – Virtuo Presse

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