Les folles, parias parmi les parias

Au début du mois dernier, un article publié par un contributeur du site d’information participatif rue89.com a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux, particulièrement auprès des utilisateurs gays et lesbiens. Intitulé Ode à la folle, cette mauvaise tafiole, ce pédé anormal, il pointait du doigt le mépris dont sont toujours victimes les “folles”, ces homosexuels efféminés aux «allures de gazelle» (Brassens) et aux parures extravagantes. Paradoxalement, les moqueries et les insultes dont elles font l’objet émanent bien souvent d’autres homosexuels, qui les accusent de donner une mauvaise image à l’ensemble des gays et de renforcer les clichés homophobes (superficialité, immaturité, sexualité débridée…). Pourtant, comme le rappelait l’article, les folles ont été à l’avant-garde de toutes les luttes homosexuelles, depuis les fameuses émeutes new-yorkaises de Stonewall en 1969 jusqu’aux actions musclées pour alerter l’opinion publique sur l’épidémie de sida, en passant par la participation des gazolines au Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) dans la France de l’après-mai 68. Dans un ouvrage paru en 2008, le sociologue Jean-Yves Le Talec, en s’inspirant de figures de la folle devenues des parties intégrantes de la culture populaire mainstream (Zaza Napoli dans La Cage aux folles, Priscilla dans Priscilla, folle du désert…) se livrait à une passionnante réhabilitation de ce qui s’apparente selon lui à «une sous-culture spécifique : le camp».

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