Gestique débridée

Jean TUBERY29e édition pour le Festival de musique baroque de Lyon. On pourrait se dire qu’Éric Denoues, directeur artistique futé, va donner dans le sobre et la retenue avant la 30e, qu’il fera venir cette année des jeunes pousses et laissera toute son inspiration se déployer la saison prochaine. Et bien, c’est très mal le connaître. Éric Denoues n’est pas seulement un directeur très inspiré ; il sait également que le public est gourmand, curieux et maladivement en demande d’interprètes talentueux de belles et grandes œuvres. Ce festival s’est ancré à Lyon et fait désormais partie, à n’en pas douter, des événements incontournables où la planète baroque entière se donne rendez-vous. Cette nouvelle édition nous promet encore du baroque pur jus, des moments décalés où l’humour peut vagabonder et plus que jamais un véritable soutien à la génération montante. Du lourd et du faste avec un triptyque Purcell (Ode à Sainte Cécile, Fairy Queen et Don Quixote), dirigé par trois jeunes chefs à la gestique débridée et à l’audace savoureuse : Jean Tubéry, Sébastien d’Hérin et Patrick Ayrton. Du lourd encore avec le Jules César et le Messie de Haendel, du faste religieux avec le Gloria, le Magnificat et le Credo de Vivaldi. Et puis, la très attendue Passion selon Saint Jean de Bach, dirigée par Christoph Prégardien, un chef réputé pour sa connaissance absolue du Maître allemand. Des chefs-d’œuvre, certes, mais également des artistes à la renommée internationale. Le contre-ténor Philippe Jaroussky revient avec sa complice de toujours Christina Pluhar pour une soirée étonnante qui nous fera voyager de Monteverdi à Piazzolla : un grand écart dans le temps mais une belle cohérence artistique. Et puis, Éric Denoues, qui se joue de mieux en mieux des codes, propose depuis quelques saisons des petits moments qui mettent l’eau à la bouche. Le public pourra ainsi, après un concert intitulé Chansons et danceries de la Renaissance, participer à un grand banquet sur le thème d’Henry IV et de sa fameuse poule au pot. Le repas, animé par des musiciens et des jongleurs, s’annonce épique. Décidément, on n’arrête plus Éric Desnoues.

www.lachapelle-lyon.org

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