“Prochaine étape : une résolution”

Louis-George Tin, président du comité IDAHO, est l’initiateur de la Journée mondiale contre l’homophobie.

Les appels à la dépénalisation mondiale de l’homosexualité peuvent-ils porter leurs fruits ou n’ont-ils qu’une vocation incantatoire ?
Je crois qu’ils ont un effet très important car ils ont réussi à mettre sur le devant de la scène une question qui, jusque-là, n’était pas vraiment prioritaire dans la conscience internationale. Par ailleurs, la déclaration présentée devant l’Assemblée générale des Nations-Unies en décembre 2008 n’était qu’une première étape. La prochaine consistera à soumettre au vote une résolution, c’est-à-dire un texte plus contraignant qu’un simple engagement de principe.

Ces appels ne risquent-ils pas de généraliser abusivement, sous le vocable d’«homosexualité», des situations et des pratiques sexuelles qui varient énormément d’une culture à une autre ?
C’est pour éviter de tomber dans ce piège que je préfère pour ma part parler d’homophobie plutôt que d’homosexualité. Nous nous basons d’ailleurs sur des textes de loi qui, souvent, ne mentionnent pas explicitement l’homosexualité mais pénalisent les «relations contre-nature».

Comment faire pour que ces appels ne soient pas perçus comme une nouvelle agression de l’Occident à l’égard des anciens pays colonisés ?
Il faut pour cela travailler d’abord avec les personnes qui se battent sur place, qui savent mieux que nous ce qu’il convient de faire, et ensuite avec les militants des pays voisins. Un exemple : jusqu’au 1er mars 2008, le Nicaragua était le dernier pays d’Amérique latine pénalisant l’homosexualité. Le 17 mai 2007, des militants de la cause homosexuelle dans tout le sous-continent se sont réunis pour crier : «Nous sommes le continent de la révolution, de la liberté et de Bolivar et vous êtes le pays de la répression et de la honte». Cette pression a fini par porter ses fruits moins d’un an plus tard.

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