Smells like gay spirit

111022_16musiqueimNevermind de Nirvana est réédité cet automne et célébré comme le dernier album rock du XXe siècle. Qu’il s’agisse du meilleur album des 90’s, on le savait déjà. Que Kurt Cobain était gay, un peu moins…

Si l’on regarde de près la vie du leader de Nirvana, de nombreux signes (et beaucoup de clichés !) peuvent laisser sous-entendre que Kurt Cobain était gay. Adolescent, il déteste le sport et ne sera jamais capitaine de l’équipe de football de son lycée d’Aberdeen. Il ne fait de danse classique non plus, mais préfére les arts en général. Il s’isole alors et se lie d’amitié avec un camarade gay, lui aussi rejeté. Plus tard, il tague un peu partout dans sa ville «God is gay» («Dieu est gay») ou encore «Homo sex rules» («Vive le sexe gay»). On peut supposer que c’est de cette amitié particulière qu’est né le titre ambigu Lounge Acte, neuvième piste de Nevermind qui a été sujet à beaucoup d’interprétations homosexuelles à cause de son refrain, «And I’ve got this friend, you see/Who makes me feel» («Et j’ai eu cet ami, vous voyez/Qui me fait vibrer»). Sur scène, Kurt Cobain aime se travestir, alternant robe de chambre d’hôpital, perruque, tailleur de grand-mère ou les trois à la fois selon la quantité de vin ingurgitée. Onze ans après son suicide, le rocker a inspiré le cinéaste Gus Van Sant : dans son film Last Days, librement inspiré des derniers jours de Kurt Cobain, le réalisateur n’hésite pas à inventer des histoires de sexe désespérées entre les membres du combo.

Nevermind vs Born This Way

Mais le fantasme s’arrêtera là. «Je ne suis pas gay, même si j’aimerais bien, juste pour faire chier les homophobes», confie Kurt Cobain dans son journal intime. Nirvana n’a jamais voulu draguer un public gay pour vendre des disques. Dans les années 1990, se la jouer gay-friendly ou prôner le sexe libre était encore un simple acte de provocation relevant de la contre-culture. Nirvana n’a jamais été un groupe revendicateur, militant, ou porte-parole de quelque cause que ce soit. Absolument pas homophobe mais pas militant pour la cause LGBT non plus. Ses membres étaient des punks. Aujourd’hui, les gays et les lesbiennes sont devenus pour tout groupe qui se respecte une cible de choix, que les experts en marketing ont rebaptisés les DINKs («Double-Income No Kids», «deux salaires, pas d’enfant»). Alors, on milite d’abord à leurs côtés et on rafle ensuite leur «double- income» avec des tournées hors de prix, des produits dérivés et des disques de remixes à n’en plus finir. Comme si le public LGBT était dans l’attente d’un signal gay-friendly de la part d’un chanteur avant de pouvoir acheter ses disques. Et bien, non. La preuve, Nevermind, vingt ans plus tard demeure toujours un monument de rock écouté par tous, composé par un groupe un peu paumé et sans aucune stratégie commerciale. Dira-t-on pareil en 2031 de Born This Way, le dernier opus de Lady Gaga ?

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