Premiers échauffements au CCNR

111207_LessisypheDu 8 au 17 novembre, le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, désormais dirigé par Yuval Pick, a convié le public pour ses premiers rendez-vous publics.

Quelque chose de politique est advenu, samedi 12 novembre, un peu après 16h, sur le parvis du Centre chorégraphique national de Rillieux la Pape. Il faisait bon alors, les tours du quartier n’étaient pas assez hautes pour empêcher le soleil de réchauffer la petite foule amassée là. Soudain, les premières notes d’une chanson bien connue résonnent entre le bois du CCN et le béton alentour. La voix de Jim Morrison dans The End des Doors rythme et donne sa gravité à la performance Les Sisyphe, orchestrée par Julie Nioche. Une vingtaine de jeunes gens se mettent à sautiller, à courir sur place. Pendant vingt minutes environ, chacun s’épuise à son rythme, observant quelques règles chorégraphiques simples. Les postures sont plus ou moins fières, le maintien plus ou moins droit. On comprendra par la suite cette diversité : le groupe est composé pour moitié d’élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD), pour moitié de danseurs de hip hop de Rillieux. Mais quelles que soient la technique et l’endurance des participants, tous terminent en sueur. Ils donnent le sentiment que si un seul s’arrêtait, tous s’effondreraient. Soleil, bois, béton, ados d’origines diverses et public souriant : pouvait-on imaginer plus belle carte postale pour la réouverture du Centre chorégraphique national de Rillieux ?

“Accidens”

Yuval Pick a également invité deux compagnies pour des spectacles gratuits. La bonne surprise est venue du groupe Entorse avec la pièce Accidens. Si l’imaginaire de départ pouvait sembler peu original (tapis et costume blancs, atmosphère post-apocalyptique, tentative de lutter contre une gravité plaquant l’interprète au sol), la qualité du traitement chorégraphique, sonore et visuel de l’ensemble a hypnotisé plus d’un spectateur. Samuel Lefeuvre, l’interprète, est complètement disloqué, prostré, il essaie peu à peu de s’affranchir de cet environnement, de se déplier. Accidens est une pièce saisissante qui plonge le spectateur dans un espace et un temps suspendus, nous montrant un homme seul face à la catastrophe. Si cette oeuvre était très sombre et parfois très lente, de nombreux enfants présents semblent avoir été scotchés par la performance et l’on a même surpris, à la sortie, une petite fille qui pleurait en regardant sa grande soeur ; «pourquoi on ne va pas voir un autre spectacle ?». Les habitants du quartier étaient nombreux parmi les spectateurs. Une membre de l’équipe du CCN nous confiait : «ça fait plaisir de voir aujourd’hui des familles avec qui nous travaillons depuis des années». En effet, si nous étions des touristes à Rillieux pour l’après-midi, nous en revenons avec la conviction renforcée qu’installer des équipements publics de création et de culture dans des territoires de la périphérie génère nécessairement des rencontres, du désir et pourquoi pas des vocations.

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