L’exemple des Noirs américains

Les féministes se sont pas les seules ni les premières à prôner la non-mixité comme outil de lutte pour l’émancipation d’une «minorité» opprimée et discriminée. Elles s’inscrivent en cela dans le sillage d’une partie du mouvement noir américain qui, après les assassinats de Malcolm X (1965) et de Martin Luther King (1968), s’engage dans la voie du «black power» sur des bases théoriques proches de celles sur lesquelles s’appuieront plus tard les féministes radicales : droit à l’autodéfense contre les agressions racistes ou sexistes (dont découle une légitimation de la violence politique), affirmation d’un héritage culturel occulté par une classe dominante très majoritairement blanche et masculine, défiance envers les institutions représentatives, nécessité de l’affirmation d’une parole «minoritaire»… Craignant que des militants blancs, même animés des meilleures intentions, ne prennent progressivement le contrôle des organisations antiracistes (notamment parce qu’ils auraient reçu une meilleure éducation que leurs camarades noirs), plusieurs figures importantes de la lutte pour les droits civiques s’impliquent alors dans des mouvements composés exclusivement de Noirs, comme les fameuses Black Panthers, fondées le 15 octobre 1966 à Oakland, en Californie, par Huey Newton et Bobby Seale. Cette non-mixité n’est cependant pas pensée comme une forme de suprémacisme noir et n’empêche donc nullement la collaboration avec d’autres organisations blanches partageant les idéaux révolutionnaires des promoteurs du black power, telles que les Weathermen ou les White Panthers.

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