L’union plutôt que le mariage

120320_120129..multimediaarticles1112215interviewimDpartementduRhneJeanJacquesGuttinJean-Jacques Pignard, membre de l’Alliance centriste, est vice-président du Conseil général du Rhône et sénateur au sein du groupe Union centriste et républicaine.

La famille centriste paraît divisée sur la question de l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe. Quel est votre avis sur ce sujet ?
J’ai toujours été très proche de François Bayrou et vous ne serez donc pas surpris d’entendre dans ma bouche un discours assez similaire au sien, discours qu’il a d’ailleurs présenté au magazine Têtu en novembre dernier. J’estime que le Pacs a été une mauvaise réponse à de vrais problèmes, même si j’y étais favorable lors de son adoption, en tant que maire de Villefranche-sur-Saône. Pour moi, cette solution constitue une sorte de pis-aller ; la preuve, c’est qu’aujourd’hui 94% des Pacs sont conclus entre hétéros et seulement 6% entre personnes du même sexe. Qu’on le veuille ou non, le mariage correspond à une sorte de CDI et le Pacs à un CDD, conclu non pas devant un maire mais devant un juge et que l’on peut rompre à tout moment sur simple déclaration. De plus, je considère que le mariage, tel qu’il existe depuis deux mille ou trois mille ans, c’est l’union d’un homme et d’une femme. C’est pourquoi je ne suis pas favorable au mariage homosexuel, mais à l’union homosexuelle. Je souhaite, comme François Bayrou, que deux hommes ou deux femmes puissent sceller leur union légalement devant le maire, avec tous les droits et les devoirs que cela implique, et qu’ils puissent adopter comme n’importe quel couple hétérosexuel.

Auprès de qui allez-vous défendre cette idée dans la campagne présidentielle à venir : auprès de François Bayrou, comme en 2007, ou auprès de Nicolas Sarkozy, qui avait lui aussi promis une «union civile» qui n’a jamais vu le jour ?
Cela, je vous le dirai dans deux mois, quand les choses se seront décantées…

Si la gauche, désormais majoritaire au Sénat, dépose une proposition de loi visant à ouvrir le mariage et l’adoption aux couples de même sexe, la voterez-vous ?
Si une telle situation devait se présenter, je déposerais un amendement allant dans le sens de ce projet d’union civile ; s’il était pris en compte, je ne vois pas pourquoi je voterais contre la proposition de loi de la gauche ; si tel n’était pas le cas, je ne voterais pas contre mais je m’abstiendrais.

Quelle est la politique du Conseil général du Rhône vis-à-vis des personnes homosexuelles désireuses d’adopter un enfant à titre individuel ?
Ce domaine n’est pas de ma compétence, mais je crois savoir que le Conseil général du Rhône n’est pas opposé par principe à l’adoption à titre individuel par des personnes homosexuelles et que leurs dossiers sont donc examinés suivant les mêmes critères que ceux des personnes hétérosexuelles. En tant qu’élu, je serais vraiment contrarié d’apprendre qu’il existe un problème ou un blocage de ce côté-là. Mais la vraie difficulté, que ce soit pour les homos ou pour les hétéros, c’est la complexité des démarches administratives et les délais d’attente.

Au sein du Conseil général du Rhône, vous êtes membre de la commission spécialisée «Collèges, sport et culture». Êtes-vous favorable à des actions de sensibilisation à la diversité sexuelle dans les collèges, telles que celles menées par des associations comme SOS Homophobie ?
Je crois en effet qu’il est très important que les jeunes homosexuels ne se sentent pas rejetés et je suis donc tout à fait favorable à ce travail de «déculpabilisation». En 2007, le département avait d’ailleurs subventionné, à ma demande, une table ronde qui s’était tenue durant la Quinzaine des Fiertés et qui avait pour thème le mal-être des jeunes gays et lesbiennes. Et, dans le domaine culturel, j’ai également tendu la perche à Gaël Morel du temps où j’étais maire de Villefranche-sur-Saône, puisqu’il est natif de la région. Il a débarqué un jour dans mon bureau, à l’âge de dix-sept ans, et la municipalité l’a aidé à financer son premier court-métrage.

 

Jean-Jacques Pignard

_15 avril 1947_ naissance à Villefranche-sur-Saône
_1969_ met en scène un spectacle dans le cadre du centenaire de la mort d’Alphonse de Lamartine au château de Monceau (Saône-et-Loire), qui appartenait au poète.
_1973_ obtient l’agrégation d’Histoire et devient chargé de mission auprès du secrétariat d’État au Tourisme, dans le gouvernement de Pierre Mesmer.
_mars 1982_ sa pièce Ville à vivre est mise en scène par Jean Collomb
_mars 1989_ devient maire UDF de Villefranche-sur-Saône, poste qu’il occupera sans discontinuer pendant dix-neuf-ans, jusqu’en mars 2008
_2007_ soutient la candidature de François Bayrou (Modem) aux élections présidentielles
_24 juillet 2009_ devient sénateur du Rhône en remplacement de Michel Mercier, nommé ministre de la Justice dans le gouvernement de François Fillon.

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