Paris en rose

120320_12012212slectiontlim1AuPalaceen1979Réalisateurs pour la chaîne Pink TV de la série documentaire Plus rose ma ville, dans laquelle ils présentent la vie gay des grandes villes de province françaises, Antoine Capliez et Thierry Benamari se penchent aujourd’hui, avec Les Invertis, sur l’histoire gay parisienne depuis un siècle. Une ambition passionnante car, même si Hétéroclite se plaît à défendre régulièrement les couleurs arc-en-ciel de notre région, force est de reconnaître que le véritable épicentre de la visibilité homosexuelle en France s’est longtemps trouvé dans la capitale et y demeure encore en partie aujourd’hui. Comme l’historien américain George Chauncey l’avait fait en 1994 pour la Grosse Pomme avec son ouvrage séminal Gay New York, 1890-1940, les deux documentaristes parcourent donc la topographie des folles nuits parisiennes qui, contrairement à celle d’autres grandes villes européennes, n’a jamais cessé de se déplacer, de Montparnasse jusqu’au Marais en passant par la fameuse rue Sainte-Anne. Jusqu’en 1982, l’homosexualité est à la fois légale et pénalisée ; un paradoxe qui se traduit notamment par d’incessantes descentes de police dans les boîtes de nuit, un harcèlement permanent des autorités, des arrestations et une surveillance constante de la préfecture. Entre 1978 et 1983, c’est la grande époque, mythifiée, du Palace et du disco ; un élan vite brisé par l’apparition du sida. Les Invertis s’achèvent par une réflexion intéressante sur le sens et le devenir de la «communauté» gay parisienne : pour Capliez et Benamari, celle-ci, plus diffuse et moins concentrée qu’auparavant, s’apparente désormais davantage à une sorte de réseau, réel ou virtuel. Bien entendu, la durée très courte de l’exercice (une demi-heure seulement !) interdit aux auteurs toute prétention à l’exhaustivité. On peut regretter ainsi que la période d’avant-guerre, le Paris de la Belle-Époque et des Années folles, soit trop rapidement abordée, ou que la nuit lesbienne ne soit jamais évoquée. En réalité, pour traiter en profondeur d’un tel sujet, il faudrait sans doute un format beaucoup plus vaste, une sorte de mini-série documentaire en plusieurs épisodes de 52 minutes. On n’est pas loin de penser, d’ailleurs, que le service public audiovisuel remplirait pleinement sa mission en proposant un tel programme. Après tout, il n’est pas interdit de rêver…

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