pcf parti communiste français boris ferrier front de gauche Meeting politique de Jean-Luc Mélenchon place du Capitole le 5 avril 2012 credit pierre selim

Boris Ferrier (Parti Communiste Français) : «la bête n’est pas morte»

Boris Ferrier (Parti communiste français) participait le 21 février dernier aux Rencontres de la présidentielles organisées par le Domaine Bar, la Lesbian & Gay Pride de Lyon et Hétéroclite.

Le Parti communiste a longtemps été plus soucieux des luttes sociales que des luttes sociétales ; comment abordez-vous aujourd’hui les questions LGBT ?

boris ferrier parti communiste français

Boris Ferrier : On ne peut pas séparer ces questions d’un projet de société global. C’est pourtant ce que prétend faire la droite, en disant aux gays aisés : «vous pouvez vous acheter une vie sociale. Si vous êtes homosexuel et riche, vous ne vivrez pas trop mal, alors restez comme cela». Mais l’objectif du Parti communiste français, c’est l’émancipation de tout le monde et je pense que nous avons la responsabilité de porter ce débat-là, parce qu’il est fondamental.

Comment comptez-vous améliorer la situation difficile des gays qui vivent dans les cités ?

Boris Ferrier : Il ne faut pas caricaturer les quartiers populaires. Dans les cités, il y a aussi des jeunes gays qui ont énormément de talent, qui y vivent et qui y restent. Il faut arriver à porter un projet de société antilibéral et anticapitaliste pour ramener les richesses dans ces quartiers. Ceux qui vous disent qu’ils vont accorder aux couples homosexuels le droit de se marier et d’adopter, mais qui ne posent pas la question de la répartition des richesses, sont dans l’erreur. Si on veut émanciper les êtres humains, il faut de l’argent. Sinon, on va droit vers une société à deux vitesses : les riches qui ont les moyens de s’émanciper et les autres dont la situation n’évolue pas.

Dans les années 70, le Parti communiste tenait des propos très virulents sur les homosexuels, les qualifiant d’«anormaux». Considérez-vous que le parti a beaucoup évolué ?

Boris Ferrier : La société des années 60 et 70 n’était pas favorable à l’émancipation des gays et des lesbiennes. Il n’y avait malheureusement pas qu’au Parti communiste que l’on tenait ce genre de propos. Il faut rappeler cependant qu’en 1960, les députés communistes à l’Assemblée nationale ont été les seuls à voter contre l’assimilation de l’homosexualité à un «fléau social». Mais quand on voit aujourd’hui des parlementaires, comme Marie-George Buffet, qui ont porté un projet de loi pour l’adoption, le mariage et la filiation, quand je vois qu’à Villejuif, une mairie dirigée par la communiste Claudine Cordillot, on a célébré symboliquement le 11 février 2012 un mariage gay, je me dis que le Parti communiste français et le Front de gauche sont dans la justesse et dans la réalité du monde tel qu’il est aujourd’hui.

Quel est l’intérêt de ce mariage s’il ne reste que symbolique ?

Boris Ferrier : Mais c’est par le symbole que l’on transforme une société et les mentalités ! Un symbole comme celui-là, c’est fort. Surtout à un moment où la droite ne veut pas du mariage gay et nous propose des contrats spécifiques. Pour nous, l’idée de ce mariage, c’est de dire que nous sommes égaux, que nous avons les mêmes droits. Vous avez certainement entendu parler de ces parlementaires UMP qui se sont regroupés en une sorte de milice anti-gays car ils ont peur que l’on bouscule leur modèle judéo-chrétien. Ce qu’il faut se dire, c’est qu’à droite comme à l’extrême-droite, la bête n’est pas morte.

Que pensez-vous de l’interdiction faite aux homosexuels de donner leur sang ?

Boris Ferrier : C’est une discrimination inadmissible qui devrait être revue immédiatement. Il ne faut pas stigmatiser les gays, car il y a autant d’homosexuels que de façon de vivre son homosexualité. La prévalence du VIH chez les homosexuels, c’est davantage une question de prévention que de population. Il faut revoir les moyens accordés à l’éducation à la sexualité, car on sait très bien que les jeunes gays ne découvrent pas leur sexualité de la même façon que les jeunes hétéros et qu’il y a un déficit de prévention à ce niveau-là. On ne peut pas se contenter de dire «bon, il y a une population à risque, elle est là et donc on lui refuse le don du sang». S’il y a des populations à risque, c’est qu’il y a des pratiques marginalisées. Je pense que l’égalité des droits permettra de répondre à cela.

 

 

Les rencontres de la présidentielle

La Lesbian & Gay Pride de Lyon, le Domaine Bar et Hétéroclite poursuivent leur série de rencontres avec des représentants des dix candidats à la présidentielle. Après Évelyne Baume (Europe-Écologie-Les-Verts) pour Éva Joly le 7 février, Boris Ferrier (Parti communiste français) pour Jean-Luc Mélenchon le 21 février, Arlette Couzon (Lutte Ouvrière) pour Nathalie Arthaud le 28 février, ce sont Benoit Courtin (MoDem) pour François Bayrou le 20 mars et Najat Vallaud-Belkacem (Parti socialiste) pour François Hollande le 29 mars qui sont venus défendre les couleurs de leurs candidats. La dernière rencontre aura lieu le 10 avril : Margot Béal (Nouveau Parti Anticapitaliste) présentera les propositions de Philippe Poutou pour les droits LGBT. Les autres partis contactés (l’UMP pour Nicolas Sarkozy, le Front national pour Marine Le Pen, Solidarité et Progrès pour Jacques Cheminade, Debout la République pour Nicolas Dupont-Aignant) n’ont pas souhaité donner suite.

 

 

Photo : Meeting politique de Jean-Luc Mélenchon place du Capitole le 5 avril 2012 © Pierre Selim

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