«On ne se contente pas de la situation présente»

Valérie Radix est militante et conseillère conjugale au Planning familial.

De nombreuses rumeurs inquiétantes concernant l’avenir du Planning familial ont circulé récemment ; qu’en est-il exactement ?
Ce ne sont pas que des rumeurs ! On est dans une logique de restructuration, de diminution des subventions et d’attaques contre les associations de santé ou de travail social. En 2009, face à la menace d’une réduction des subventions, notre combat et notre pétition avaient permis le maintien de ces dernières. En début d’année, le précédent gouvernement a voulu supprimer la subvention allouée aux associations (pas seulement le Planning familial) qui proposent une éducation à la sexualité et un conseil conjugal. Mais on a fait du bruit, on a alerté les politiques, on a reçu le soutien de députés, et le gouvernement a dû de nouveau renoncer à ses projets. Sur ces questions de budget, honnêtement, nous ne sommes pas l’association la plus à plaindre, surtout lorsque l’on se compare aux associations de lutte contre le sida qui, pour beaucoup d’entre elles, ont dû licencier des salariés. Mais les financements ne correspondent toujours pas aux besoins.

L’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est-il plus difficile qu’auparavant ?
Disons qu’il est très inégal suivant les territoires. Sur l’agglomération lyonnaise, on a connu des années pires, mais on ne se contente pas de la situation présente. Actuellement, il existe des projets de restructuration au Centre hospitalier Lyon Sud et nous avons donc remobilisé le Collectif IVG afin d’interpeller collectivement la direction des Hospices Civils de Lyon (HCL), lui demander une rencontre et lui faire part de nos revendications pour éviter l’éclatement des services. Il y a deux ans, lors de la fermeture de l’Hôtel-Dieu, il avait déjà fallu se battre pour obtenir le transfert de la totalité de l’unité médicale en charge de l’IVG à l’hôpital Édouard Herriot, qui est accessible en métro – un point important à nos yeux. Partout en France, des collectifs d’associations, de syndicats et de partis politiques se sont montés pour protester contre les fermetures de centres d’IVG et les réductions d’effectifs. Et parfois, malheureusement, cette bataille a été perdue, notamment en Île-de-France. Dans cette région, les autorités sanitaires ont privilégié l’IVG médicamenteuse, pratiquée en médecine de ville. C’est évidemment très positif que les médecins soient formés et que cette possibilité existe, mais elle ne doit pas être la seule, car elle ne correspond pas toujours au choix des femmes. Par ailleurs, l’offre de soins doit être maintenue non seulement quantitativement, mais aussi qualitativement et, dans ce domaine, la formation des personnels est très importante, afin d’offrir aux femmes le meilleur accompagnement possible.

Qu’attendez-vous du nouveau gouvernement ?
Les déclarations en faveur de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et la volonté de remédier rapidement au vide juridique causé par l’abrogation par le Conseil constitutionnel de la loi sur le harcèlement sexuel vont dans le bon sens. Nous allons tout de même maintenir la pression pour sensibiliser la population à ce problème et s’assurer que la nouvelle loi soit bien faite, qu’elle recouvre toutes les situations de harcèlement sexuel. Mais les récentes déclarations de la ministre des Droits des femmes sur la prostitution (voir article page 4) nous inquiètent. Le Planning familial est en effet l’une des rares associations féministes qui se sont prononcées contre la pénalisation des clients. Même si cette question continue de faire débat entre nous, nous pensons qu’un des fondements du féminisme, c’est de donner la parole aux premières concernées. Autre sujet de préoccupation : le discours social d’austérité, qui laisse à penser que les coupes budgétaires vont se poursuivre.

 

Un demi-siècle de Planning familial

Fondé en 1960, le Mouvement français pour le Planning familial est une association qui propose à la fois des consultations médicales et des conseils en matière de sexualité, de vie conjugale ou de contraception. Dans le Rhône, il reçoit sans rendez-vous environ 8 000 personnes par an, durant les permanences organisées dans l’Ouest lyonnais ou dans ses locaux à Villeurbanne. Depuis 2007, c’est là que les femmes ne souhaitant pas avorter à l’hôpital peuvent par exemple subir une IVG médicamenteuse.
Planning familial, 2 rue Lakanal-Villeurbanne / 04.78.89.50.61

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