L’aire et la manière

Quatre chorégraphes, une compositrice, dix musiciens pour Aire de jeu, un programme audacieux qui fait se rencontrer danse et musique contemporaine.

Réaffirmer le lieu de spectacle vivant comme creuset de l’inattendu, organisateur de confrontations : les Subsistances poursuivent leur travail patient – une œuvre en soi – de «laboratoire de création». Pour la deuxième année se déroule à leur initiative, en partenariat avec le Théâtre de la Croix-Rousse et le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape (CCNR), un événement inédit et excitant : Aire de jeu. Il s’agit de proposer à quatre chorégraphes – Maud Le Pladec, Arkadi Zaides, Faustin Linyekula, Tânia Carvalho – de créer une pièce à partir d’une composition d’un(e) musicien(ne) contemporain(e), cette année Julia Wolfe, le tout accompagnés sur le plateau par des musiciens en live. La compositrice américaine est une figure majeure de la musique contemporaine, auteure de pièces à la fois minimales et intenses, puisant ses inspirations dans tous les registres musicaux, aussi bien classiques que rock. Son œuvre est extrêmement diverse, comme en attestent les quatre pièces choisies par les chorégraphes d’Aire de jeu. Si aucun d’entre eux n’en était familier, tous entretiennent une relation forte avec la musique.

Cornemuses

C’est notamment le cas de Maud Le Pladec, qui a déjà participé à la précédente édition d’Aire de jeu et dont les méthodes de travail ne sont pas sans rappeler celles décrites par Anne Teresa de Keersmaeker ; une étude minutieuse des partitions, jusqu’à leur apprentissage par cœur par les interprètes pour cette création intitulée Démo. Contrairement à elle, c’est la première fois que le dramaturge et chorégraphe congolais Faustin Linyekula entreprend une création sur une composition contemporaine, en l’occurrence Stronghold, magnifique partition qui évoque les maîtres de la musique minimaliste Steve Reich et Philip Glass. C’est à une pièce mystérieuse et émouvante pour cornemuses que s’attaque Tânia Carvalho. Quel bonheur de revoir à Lyon cette chorégraphe portugaise parfaitement iconoclaste, artisane de spectacles habités et aux qualités plastiques époustouflantes, accompagnée de ses deux acolytes Luís Guerra et Marlene Monteiro Freitas. Tânia Carvalho clôturera également le festival avec son récital Madmud, dont une représentation au festival Uzès danse en 2011 nous avait laissés sans voix, écoutant la sienne transformer des chansons empruntées au Velvet Underground & Nico, REM ou Sylvain Chauveau en bijoux baroques, graves et ronds, sertis d’aigus déchirants.

«Aire de jeu», du 29 janvier au 2 février aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent-Lyon 1, au Théâtre de la Croix-Rousse, place Joannès-Ambre-Lyon 4 et au CCNR, 30ter avenue du Général Leclerc-Rillieux-la-Pape

www.les-subs.com

 

Et aussi pendant Aire de jeu
Trois rendez-vous en plus des quatre créations :
_Jeudi 24 janvier_ Chantier avec Faustin Linyekula : répétition publique suivie d’une rencontre. Aux Subsistances à 19h30. Gratuit sur réservation.
_Samedi 2 février_ Workshop’Brunch : deux ateliers danse avec Arkadi Zaides et Maud Le Pladec suivis d’un brunch. Aux Subsistances de 10h30 à 12h. Tarifs : 15€ / 10€ (carte Subs).
_ Samedi 2 février_ Concert de clôture : Madmud de Tania Carvalho (Portugal). Aux Subsistances à 22h.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.