Caroline Mécary au festival Mode d’emploi

Le festival Mode d’emploi, orchestré par la Villa Gillet, reçoit l’avocate Caroline Mécary lors d’une conférence consacrée à la redéfinition du mot «famille».

Caroline Mécary Caroline Mécary Caroline Mécary Caroline Mécary (© Molly Benn)

 

Le mot «famille» a-t-il une nouvelle signification ?
Le sens de la famille est nécessairement quelque chose d’évolutif parce que les individus changent et parce que leur rapport au collectif est modifié. Il a donc été profondément élargi au regard du modèle du XIXe siècle (la famille nucléaire, c’est-à-dire père, mère et des enfants), avec les évolutions sociologiques considérables des familles depuis les années 60 : diminution des mariages, hausse de divorce, émergence des familles recomposées, homoparentales ou monoparentales, ces dernières étant extrêmement nombreuses en France (plus d’un million). C’est pour cela qu’on ne parle plus de la famille mais des familles.

La loi est-elle en adéquation avec cette évolution ?
Elle est obligée de prendre en compte la grande diversité des familles. La réforme de la filiation avec l’ordonnance du 4 novembre 2005 a «enterré» la famille légitime qui prévalait depuis le code civil de 1804. Aujourd’hui, la filiation maternelle est automatiquement établie par la désignation de la mère dans l’acte de naissance de l’enfant, qu’elle soit mariée ou non. Désormais, il n’y a plus de différence entre la famille qu’elle advienne en dehors du mariage ou en son sein.

De mi-novembre à mi-décembre, le projet de loi sur la famille sera présenté à l’Assemblée nationale. Il s’agira surtout de réformes concernant l’adoption…
On ne sait pas encore exactement ce qu’il y aura dans ce projet de loi. Va-t-on vers une ouverture de l’adoption à tous les couples, c’est-à-dire aux couples de pacsés ou concubins. Nous verrons, mais il me paraîtrait logique que l’adoption ne soit plus conditionnée par le mariage.

L’Association des Parents et futurs parents Gays et Lesbiens (APGL) souhaite la fin de la discrimination dont sont victimes les enfants nés de la gestation pour autrui (GPA)…
Oui, elle réclame la possibilité de transcrire les actes d’état civil des enfants nés à l’étranger dans le cadre d’une GPA. C’est légitime de demander cela, ne serait-ce que dans l’intérêt de l’enfant. Cela fait partie des points qui devraient, selon moi, figurer dans la proposition de loi. Mais je crains que le gouvernement reste frileux.

Pensez-vous que la PMA sera présente lors des débats ?
Dans les débats, oui, mais dans le projet de loi, je ne le crois pas pour le moment. À moins que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) ne rende son rapport très rapidement. Mais il me semble qu’il ne le fera que début 2014.

Est-il nécessaire que le CCNE se penche sur cette question ?
Ce n’est pas une obligation légale mais, à partir du moment où François Hollande a décidé de le consulter, il paraît compliqué, d’un point de vue politique, de ne pas attendre son avis. Que dira le CCNE ? Si son avis est défavorable, François Hollande va-t-il le suivre ? Il peut s’y sentir moralement obligé. Le problème aujourd’hui est que, dans l’entourage de François Hollande, il y a des gens comme Sylviane Agacinski (philosophe et épouse de Lionel Jospin, NdlR) qui défend des conceptions très conservatrices et très essentialistes de la parenté. Il y a aussi Bernard Poignant, maire de Quimper, très opposé au mariage pour tous les couples et à toute avancée des droits des couples homosexuels. Ces gens-là ont l’oreille du Président de la République, ce qui entraine une réelle difficulté.

Conférence Le Sens de la famille avec Caroline Mécary, dimanche 17 novembre à 15h aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent – Lyon 1 / 04.78.27.02.48 / www.festival-modedemploi.net

Photo : Caroline Mécary (© Molly Benn)

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