Des films queers au Black Movie Festival de Genève

 

Toujours soucieux de valoriser un cinéma «venu d’ailleurs», c’est-à-dire s’épanouissant en dehors des normes et des codes de production occidentaux, le Black Movie Festival de Genève fera cette année encore la part belle aux films africains, asiatiques ou sud-américains, dont certains prennent pour sujet l’homosexualité ou l’identité de genre. Ce sera donc l’occasion d’aborder ces thématiques sous un autre angle, de combattre les préjugés et la tentation ethnocentriste plus que jamais présente dans les luttes homosexuelles et de constater que ces questions ne se posent pas toutes partout de la même façon. C’est ainsi qu’on pourra découvrir par exemple El Destapador, le dernier film (2013) d’une réalisatrice chilienne, Carolina Adriazola Astudillo, dont le Black Movie Festival avait déjà programmé en 2010 un court-métrage sur deux trans MtF et FtM (Aztlan, 2009). Pour ce nouveau court, elle a posé sa caméra dans un squat de la capitale argentine, Buenos Aires, pour étudier les interactions entre les différents individus qui y cohabitent bon gré mal gré. Sous une forme beaucoup plus classique, le documentaire américain God loves Uganda dépeint quant à lui la véritable croisade contre l’homosexualité menée en Ouganda par des missionnaires évangéliques venus du Missouri (un thème également traité en 2012 par un autre documentaire, Call me Kuchu). Si l’analyse manque parfois de profondeur historique et passe un peu trop rapidement sur les racines coloniales de l’homophobie à l’ougandaise, le film n’en constitue pas moins un reportage glaçant sur un pays dont le Parlement a adopté en décembre une loi durcissant la répression de l’homosexualité et prévoyant la prison à perpétuité pour les ”récidivistes”. À voir enfin durant l’édition 2014 du Black Movie Festival, le nouveau film du réalisateur portugais João Pedro Rodrigues, à qui l’on doit le mythique O Fantasma (2000) mais aussi Odete (2005) et Mourir comme un homme (2009). Mahjong (samedi 25 janvier à 17h au Théâtre de l’Usine, 11 rue de la Coulouvrenière-Genève) est la suite de son précédent film La Dernière Fois que j’ai vu Macao, déjà réalisé avec son compagnon João Rui Guerra da Mata : une épure de polar où un homme tout de noir vêtu part à la recherche d’une femme dans le quartier chinois labyrinthique d’une ville portugaise…

Black Movie Festival, du 17 au 26 janvier au Grütli, 16 rue du Général Dufour-Genève / www.blackmovie.ch

Photos : God loves Uganda, de Roger Ross Williams

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